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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/204

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On approprie les embrocations à l’état de la partie malade, & aux indications qui se présentent.

Embrocation émolliente, adoucissante. Prenez huile d’olive ou d’amandes douces, infusion d’hipericum ou millepertuis, deux onces de chaque ; mêlez pour une embrocation émolliente, adoucissante.

Embrocation résolutive fortifiante. Prenez huile rosat & de laurier, deux onces de chaque ; mêlez, ajoutez-y eau-de-vie camphrée ou esprit de vin. On peut laisser une estoupade sur la partie. M. T.


ÉMÉTIQUE, Médecine rurale. Les remèdes qui excitent le vomissement, doivent être distingués des autres secours dont on se sert pour aider cette évacuation.

Il y a deux sortes d’émétiques ; les uns sont pris dans la classe des végétaux, & les autres dans celle des minéraux. La première nous en fournit un assez grand nombre, comme l’ipécacuanha, le cabaret ou l’oreille d’homme, la gratiole ou l’herbe au pauvre homme, l’ellébore blanc, & la gomme-gutte : ces quatre derniers sont peu usités en médecine, & on ne se sert que du premier.

La seconde est plus abondante. L’antimoine seul nous offre une infinité de préparations émétiques très usitées & très-connues. Telles sont les fleurs d’antimoine, le verre, le foie & le régule d’antimoine, le vin émétique, le tartre stibié, le kermès minéral, le sirop de glauber, & la poudre d’algaroth, ou la poudre de vie.

Peu de temps après que le malade a pris un émétique, il se plaint d’inquiétude & d’une anxiété qu’il rapporte à l’estomac ; alors il survient des nausées ; les muscles de la respiration entrent en jeu ; le diaphragme s’abaisse ; le malade fait une forte inspiration, il retient son haleine pour faire ces efforts ; le diaphragme reste abaissé, sa face rougit, les larmes coulent, les muscles du bas ventre se contractent, l’estomac entre aussi en contraction, & les matières sont rejetées par la bouche.

On demande si le vomissement se fait dans le temps de l’inspiration, ou dans celui de l’expiration ? On peut répondre qu’il se fait dans un temps moyen ; c’est-à-dire, que dans le temps du vomissement actuel, le malade ne fait ni inspiration ni expiration ; mais il retient son haleine, & les poumons restent distendus ; car si la glotte n’étoit pas bien fermée, les matières rejetées par l’œsophage, prendroient cette route, & étoufferoient le malade.

On emploie les émétiques avec succès dans toutes les fièvres simples ou composées, continues, putrides & intermittentes, dans les comateuses, dans les maladies inflammatoires symptomatiques, dans les fièvres exanthématiques, dans toutes celles qui sont aiguës, dans les maladies soporeuses, comme dans le coma, le carus, l’apoplexie ; dans les maladies convulsives périodiques, dans l’ictère, dans la suppression des mois, sur-tout lorsqu’elle dépend de l’épaississement du sang, & qu’il n’y a pas de signe d’inflammation ; dans l’inappétance, le vomissement continuel, les diarrhées, la dyssenterie, dans l’hydropisie, & les maux de tête périodiques. Ils conviennent encore dans les obstructions des viscères du bas-ventre.