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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/211

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d’une plaie pénétrant à la poitrine & au poumon, ou comme maladie essentielle ; cette distinction est très-nécessaire pour le choix des moyens à employer pour la combattre avec autres. L’air entre dans le corps par les voies les plus nécessaires à l’économie animale ; le poumon en reçoit une grande quantité par la trachée-artère ; les alimens que nous prenons, les liquides que nous avalons, sont imprégnés d’air, & personne n’ignore qu’il s’en dégage beaucoup pendant la digestion. (Voy. le mot Air, Tom. I, p. 338) Pringle a fort bien observé que le sang en produisoit une assez grande quantité par le mouvement de putréfaction ; on peut s’en convaincre en jettant dans l’eau quelques morceaux de viande putréfiés ; on verra qu’ils surnageront toujours. Les expériences des D. Hales, Cotes, prouvent encore que la fermentation, qui est très-possible dans l’état de maladie, en donne assez abondamment. Outre cela, nous vivons environnés d’air. D’après toutes ces considérations, on peut voir que le fluide pénètre dans le corps, & qu’il peut affecter certaines parties. En se logeant sous la peau dans la membrane cellulaire, de cellule en cellule, il peut occuper toute l’habitude du corps, si on n’y remédie ; c’est ainsi qu’en soufflant sous la peau d’un mouton, on l’enfle bientôt dans toute son étendue.

L’emphysème diffère de l’hydropisie tympanite & du météorisme, en ce que l’air est contenu dans le bas ventre ; & de l’œdème, en ce que l’emphysème ne cède point à la pression des doigts, & que les parties qui en sont attaquées, reprennent aussitôt toute leur élasticité.

L’emphysème se guérit, en détruisant l’air qui le produit, ou en le chassant des cellules où il est renfermé ; l’air se détruit lui-même, ou il perd son élasticité par la succession du temps & par la vapeur de la chaleur animale, comme il est prouvé par les expériences de Mayow & de Hales ; donc il disparoîtra par la seule chaleur de la partie, à moins que la cause qui doit lui enlever son élasticité ne subsiste. Parmi les remèdes qu’on emploie pour le traitement de l’emphysème, les sachets d’herbes & les semences aromatiques & carminatives de fenouil, d’anis, d’aneth, de cumin, de barbotine, de camomille, de laurier, appliqués sur la tumeur, sont très-efficaces ; l’application des feuilles de sureau & d’hièble, bouillies dans le vin, produit de bon effets. M. AM.


EMPLÂTRE. Médicament composé & étendu sur du linge, de la peau, du cuir, & qu’on applique sur la partie affligée. Les matières qui servent à former les emplâtres, sont en général les huiles, les infusions, les décoctions, les graisses, les odeurs, le miel, la térébenthine, la cire, les baumes, les gommes, les chaux métalliques, les poudres tirées des trois règnes, &c.

Les emplâtres destinés à être appliqués sur la poitrine, sur l’estomac, doivent être souples & doux : dans ce cas, ils approchent des cataplasmes ; ceux, au contraire, qu’on doit appliquer sur les membres, doivent être fermes & agglutinatifs. Que d’emplâtres dans les pharmacies ! Que d’inutilités parées de grands noms ! ce qui a été dit au mot Baume, &