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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/244

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très-bien de prendre la douche en mettant le pied & la jambe sous la canelle, au moment où l’on tire le vin de la cuve.


ENTORSE, EFFORT DE BOULET, MÉMARCHURE, Médecine Vétérinaire. Ces mots sont synonymes, & ne signifient autre chose qu’une distension du ligament de l’articulation du boulet, avec un gonflement à la partie, & une claudication plus ou moins légère de l’animal. Plus le gonflement est considérable, plus le cheval boite sensiblement ; s’il est léger, l’animal boite peu, & quelque fois s’en apperçoit-on à peine. Nous avons vu des chevaux boiter très sensiblement, sans néanmoins appercevoir aucun gonflement extérieur au boulet.

Causes de l’entorse. Nous comptons parmi ces causes, les faux pas, les efforts que le cheval fait pour retirer son pied, lorsqu’il est engagé dans une ornière, entre deux pavés, entre deux barres de fer, ou entre deux poutres.

Des causes des faux pas. Les causes les plus ordinaires sont, 1°. lorsque le pied de l’animal portant d’un côté seulement sur un corps pointu, raboteux ou inégal, est obligé de le renverser ; 1°. lorsque l’animal surpris par un coup de fouet, fait un mouvement prompt & violent ; 3°. les crampons qu’on a coutume de mettre aux pieds de derrière ; en un mot, toutes les causes qui peuvent changer la situation du pied, & le mouvement des articulations.

Il ne faut pas être surpris si l’engorgement se manifeste au boulet à la suite d’une entorse ou d’une mémarchure ; la raison en est fort simple :

les vaisseaux distendus au-delà de leur état, & ayant perdu leur ressort, favorisent la stagnation du sang dans leur cavité. Le gonflement est souvent aussi la suite de l’épanchement de l’humeur synoviale ; mais cet accident n’a lieu ordinairement que lorsque la distension a été considérable, que lorsque le ligament capsulaire a été alongé & distendu : dans ce cas, la douleur est manifeste, l’animal boite selon que le gonflement gêne l’articulation, & que les fibres & les nerfs se trouvant dans une tension considérable, sont encore plus tiraillés dans le mouvement.

Signes de l’entorse. On connoît ordinairement l’entorse, à l’enflure de l’articulation, à la douleur que l’animal ressent dans le boulet lorsqu’on le touche ou le comprime, & à la claudication qui est plus ou moins grande, relativement à la distension plus ou moins grave des ligamens.

Traitement. Le danger de l’entoile n’a pas des suites fâcheuses, si dans le commencement on emploie les remèdes convenables. Au moment donc qu’on s’en apperçoit, la première indication qui se présente est de rétablir les fibres distendues au-delà de leur ton, en employant les remèdes défensifs. On remplira parfaitement ce but en conduisant sur le champ l’animal à l’eau, si l’on est à portée d’une rivière, ou en étuvant subitement la partie avec de l’eau froide, & en frictionnant ensuite la partie avec l’eau-de-vie & le savon, ou l’eau-de-vie camphrée. Une expérience journalière nous apprend que ces remèdes ainsi appliqués dans le commencement, préviennent l’engorgement du boulet, & guérissent