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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/262

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très-abondante ; dans les animaux ruminans elle est mêlée d’une portion des alimens qui doivent être rapportés dans la bouche pour y subir une nouvelle trituration ; les jambes se tordent, s’agitent, se fléchissent & s’étendent au caprice de la matière morbifique. Le mouvement tumultueux qu’elle communique aux muscles abdominaux, à ceux de l’intestin rectum & à la tunique charnue de la vessie, provoque l’écoulement des urines & la déjection des matières fécales. Quelquefois le bœuf qui en est frappé, mugit d’une manière effrayante, d’autres fois il ne jette aucun cri ; d’ailleurs tous ces signes varient & sont plus ou moins multipliés, suivant que le mouvement convulsif est plus ou moins général, & que l’accès est plus ou moins aigu. Dès qu’il est terminé, l’animal qui a éprouvé cet assaut, est lourd, pesant, & paroît accablé par une très grande lassitude.

Tous ces signes peuvent se rencontrer dans les diverses espèces d’animaux qui sont atteints de l’épilepsie, en observant néanmoins que le cheval ne vomit pas ; de-là l’écume qui flue dans sa bouche, n’est pas mêlée des alimens qui sont contenus dans son estomac ; tandis que la gueule du chien peut être remplie de ce que contient son ventricule, parce qu’il vomit facilement : mais dans la vache, dans la chèvre, dans la brebis & dans tous les animaux ruminans, l’écume qu’ils auront dans la bouche, ne sera chargée que de la partie des alimens qui n’auront pas encore été entièrement ruminés.

La violence de toutes ces contractions & distorsions, tient son origine, ou d’un vice de conformation dans l’intérieur de la boîte osseuse du crâne, ou de la lésion de la dure-mère, ou de quelqu’une des parties qui composent la masse cérébrale, ou elles sont produites par le séjour d’une matière âcre, purulente ou par des vers qui percent les tuniques de l’estomac & des gros intestins, par les sucs des plantes corrosives qui se rencontrent dans les fourrages qu’on donne aux animaux, par la suppression des urines, &c. ou enfin, elles peuvent être occasionnées par l’enfoncement du crâne, par toutes espèces de contusions & de piqûres capables d’exciter un mouvement convulsif dans les méninges, dans la substance du cerveau, dans la moelle alongée, dans la moelle épinière, dans les nerfs, dans les tendons, dans les membranes aponévrotiques & dans les ligamens. De-là l’épilepsie peut être héréditaire, idiopathique & sympathique.

L’épilepsie est héréditaire. Il n’est pas rare de voir, dans l’espèce humaine, un bossu transmettre sa difformité à ses descendans, un phtisique, un goutteux, &c. la phthisie, la goutte à ses enfans ; l’expérience confirme journellement ces faits : de même, si l’on daigne suivre la propagation des individus des différentes espèces d’animaux, on s’assurera que non-seulement ils communiquent à leur postérité, leurs vices de conformations internes & externes, mais encore certaines de leur maladies, du nombre desquelles est l’épilepsie ; de sorte que si l’étalon ou la jument, le taureau ou la vache qu’on destine à la reproduction de l’une ou de l’autre espèce, a eu