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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/272

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qui recouvre également la branche de l’épine.

L’extrémité F de l’épine n’est que corticale, & même lorsque l’épine est encore jeune & tendre, sur-tout dans quelques espèces, comme dans l’oranger, elle est transparente. À mesure que l’épine vieillit, les sucs apportés dans cette partie, se dessèchent, les vaisseaux s’obstruent, la transparence disparoît, & le bout se durcit.

L’épine croît avec la jeune branche, sans être produite par un bouton particulier. La durée de sa vie est fort courte, & l’année qui l’a vu naître est aussi celle qui la voit mourir. À la fin de l’année l’épine se dessèche & prend une couleur brune ou noire ; du moins après l’entier développement de la jeune branche, on ne retrouve plus de liqueur dans l’épine ; le corps ligneux qui la composoit en partie se durcit : cet endurcissement est analogue à celui qui change l’aubier en couches ligneuses, en vrai bois. Plus l’épine s’éloigne de la branche, & plus elle devient dure ; c’est à dire, que la pointe aiguë est infiniment plus compacte & plus dure que la base qui adhère à la branche. Nous ne parlons ici que de l’épine stérile, & nue, & non pas de celle qui produit des boutons.

Les jeunes branches de certains arbres comme celles des pruneliers, des néfliers, de quelques espèces de pruniers, de poiriers & de pommiers, portent des rameaux qui se terminent par une pointe ou épine ; tantôt ces rameaux sont dépourvus de boutons & ne sont armés que d’une épine ; tantôt ils produisent différens boutons qui donnent naissance à des fleurs, des feuilles, & même de nouvelles branches ; dans ce cas, ces branches sont terminées à leur tour par des épines. D’après cette observation, plusieurs auteurs ont cru que c’étoit les épines elles-mêmes qui portoient des boutons, mais c’est une erreur ; car si l’on fait attention que toute la partie, depuis le bouton jusqu’à la branche, est verte, & forme une vraie branche, tandis que, depuis le bouton jusqu’à l’extrémité, on ne retrouve plus la même organisation, & qu’au contraire cette extrémité n’offre plus qu’une épine ; on conviendra que ce rejet singulier n’est qu’une branche terminée par une épine.

L’origine & la cause de la production des épines est encore un secret ; rien jusqu’à présent n’a même mis sur la voie pour l’expliquer, & le système du célèbre Malpighi, sur cet objet, est beaucoup plus ingénieux que solide. Il prétend que le suc nourricier, qui doit servir à l’accroissement des boutons & des rejetons, n’ayant pas acquis dans les trachées la ténuité requise, & par conséquent ne pouvant être reçu dans les branches supérieures, perce nécessairement par la base des boutons, s’élève ensuite en petit rejeton qui s’amenuise faute de nourriture, & devient finalement une pointe ligneuse qui disparoît avec le temps, à mesure que la plante s’élève & prospère.

Deux raisons sembleroient appuyer le système de Malpighi ; la première, c’est qu’en général les épines naissent toujours au-dessous des branches & des boutons, & la seconde, c’est que la culture peut, jusqu’à un certain point, faire disparoître les épines,