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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/276

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continua en 1691, & attaqua spécialement les brebis ; il n’en échappa qu’un petit nombre.

Dans le mois d’octobre de l’année 1713, il parut une maladie épizootique en Italie, qui enleva dans le seul état ecclésiastique 8,466 bœufs de labour, 10,115 vaches blanches, 2,816 vaches rousses, 108 taureaux saillans, 427 jeunes taureaux, 451 bœufs hors d’état de labourer, 2,362 veaux, 862 buffles, tant mâles que femelles, & 635 veaux nés de buffles ; en tout, 26,252 animaux ; & cela, depuis le mois d’octobre 1713, jusqu’au mois d’août de 1714 : Lancisi porte même ce nombre jusqu’à 30000.

Cette maladie se manifestoit dans quelques-uns, par des mugissemens, par une espèce de terreur dont ils se trouvoient saisis, par mille mouvemens différens, qui paroissoient provenir de cette terreur, & par une suite subite & précipitée. Parmi ces bestiaux, il s’en est trouvé qui furent tout à coup frappés d’une mort soudaine, comme s’ils eussent été atteints de la foudre. Les bœufs d’une complexion foible & débile y étoient notamment sujets ; on remarquoit dans presque tous, une tristesse profonde ; à peine pouvoient-ils soutenir leur tête ; leurs yeux étoient troubles & larmoyans ; une quantité surprenante de mucosité & de salive fluoit de leurs naseaux & de leur bouche ; une fièvre violente accompagnoit tous ces symptômes ; un abattement considérable ne permettoit pas à ces animaux de se tenir debout ; leurs poils étoient hérissés, leur langue, leur bouche, & leur arrière-bouche enflammées, ulcérées & plus ou moins semées de pustules. Tous ces symptômes n’étoient pas les seuls, d’autres les avoient déjà précédés ; les animaux affectés étoient d’abord dévorés par une soif ardente, bientôt après ils refusoient & boisson & fourrage ; plusieurs étoient affectés d’un flux considérable ; leurs déjections étoient de couleurs différentes, toujours très-fétides & quelquefois sanguinolentes ; la plupart périssoient dans l’espace d’une semaine, ayant une oppression des plus violentes ; leur haleine étoit d’une puanteur insoutenable, & par-dessus tous ces symptômes, une toux forte se mettoit encore souvent de la partie.

Lancisi observa que les bœufs les moins âgés & les plus, gras, qui travailloient peu & qui étoient bien nourris, étoient plus aisément atteints du mal, & en périssoient plus promptement que les animaux que le travail avoit maigri, & qui étoient d’un certain âge ; cet auteur a cru que la plus ou moins grande abondance des fluides, le plus ou le moins d’ouverture des canaux dans ces animaux, en étoient la véritable cause, car le ferment de la peste s’insinue, dit-il, plus facilement dans le sang & dans les esprits, & s’attache plus fortement aux viscères, lorsqu’il trouve une plus grande quantité d’humeurs à corrompre, & des obstacles dans sa route qui l’empêchent de se frayer un chemin au-dehors : c’est ce qui devoit, continue-t-il, arriver à ceux d’entre ces animaux qui étoient gras & pleins de sucs.

Quoique les bœufs maigres ne fussent pas à l’abri de la contagion, & qu’ils en mourussent le plus souvent, quelques-uns n’y succomboient pas à l’aide des conduits plus