Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maux qui en sont attaqués. En effet, ne voyons-nous pas, dans l’homme, que ces fièvres sont accompagnées des phénomènes d’abattement des forces, de taches pourprées, de tumeurs d’un mauvais caractère, de dépôts irréguliers, de déchiremens d’entrailles, de défaut d’appétit, de vice sur des déjections, de mort venue avec célérité. Les ouvertures des cadavres des animaux fournissent des preuves de ressemblance. Or, les médecins savent que ces accidens terribles sont précédés, dans l’homme, par une fièvre violente ; ils le sont pareillement dans les animaux. Un paysan, ajoute M. Nicolaw, chagrin de voir périr ses bestiaux, & examinant une vache pour découvrir s’il ne lui venoit point de tumeur, mit la main entre les jambes de devant, aux endroits qui sont aux parties latérales de la partie antérieure de la poitrine ; il apperçut une fréquente & forte pulsation des artères qui répondent aux artères axillaires du corps humain. Cet animal mangeoit encore, mais il ne tarda pas longtemps à perdre l’appétit. On le reconnut dès-lors malade ; bientôt après il mourut. Les pulsations des artères fréquentes & violentes que ce paysan observoit, annonçoient sans contredit la présence d’une fièvre considérable, & désignoient le premier degré de la maladie qu’on ne reconnoît souvent pas. C’est alors qu’une diète sévère, les breuvages acidulés & nitreux, les lavemens émolliens, la saignée feroit merveille ; on préviendrait par-là l’assaissement des solides, & l’épaississement des humeurs ; leur quantité diminuée de ce qu’elle auroit d’excédent, ne porteroit pas les vaisseaux au-delà de leur ressort & ne les empêcheroit pas d’agir sur elles, pour les diviser, & entretenir une libre circulation ; les liqueurs atténuées & divisées ne tendroient pas à se coaguler, comme il paroît par la couenne épaisse qu’a le sang qu’on a tiré des veines ; il arriveroit de-là, qu’on n’auroit pas tant à craindre tout ce qui doit engendrer dans la suite la putréfaction : en prenant ces précautions, les progrès du mal seroient plus lents, & on auroit le temps de placer les remèdes sûrement & à propos : mais pour peu qu’on néglige le mal, les humeurs tendent à la coagulation, elles commencent à entrer en putréfaction, & toute l’économie animale est dérangée ; la nature affaissée & près de sa ruine, fait tumultueusement ses derniers efforts pour se débarrasser du fardeau qui l’accable : elle agit sans ordre, jette les humeurs de toutes parts, les dépose dans les endroits les plus foibles, & les laisse dans les parties où elles se trouvent le plus engagées ; si c’est dans les viscères, elles causent inévitablement la mort ; si c’est dans l’extérieur du corps, elles forment des dépôts toujours d’un mauvais caractère, plus ou moins affectés d’un vice gangreneux, à proportion de la vigueur de l’animal, & de la force avec laquelle les vaisseaux peuvent agir ; c’est alors qu’il faut réveiller les forces de la nature affaissée, & les soutenir, en employant dans les breuvages les stimulans sans trop d’âcreté, les cordiaux & les anti-gangreneux. Dans de pareilles maladies qui attaquent les hommes, après avoir préparé les malades par la saignée & les diètes humectantes, on emploie avec succès les caustiques & les purgatifs, avant