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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/333

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Le cep planté entre les arbres doit être bien sain, bien enraciné & coupé au-dessus de terre, à la hauteur d’un œil ou deux tout au plus ; pendant la première année il poussera librement sans contrainte, & si chaque œil a produit un sarment, on retranchera le plus foible à la taille de l’année suivante, & on rabaissera le sarment conservé, à un seul œil, afin de fortifier les racines, le tronc, & d’obtenir, dans cette seconde année, une poussée assez forte, assez longue pour surpasser la hauteur que l’on se propose de laisser prendre, dans la suite, aux arbres placés des deux côtés du cep. Que si, après cette seconde année, cette pousse n’est pas assez forte, rabaissez encore ce sarment à un œil, & le succès sera décidé ; autrement il faudroit conclure, ou que les racines sont pourries, ou que la terre ne convient nullement à la vigne, ou enfin qu’il y a eu quelque vice radical dans la plantation. Dans les provinces méridionales, on peut supposer, avec raison, qu’un abricotier bien conduit, peut en moins de dix ans étendre ses branches, & couvrir une surface de vingt-quatre pieds de largeur, sur une hauteur de douze à quinze. On doit donc se régler sur celle hauteur, afin de former la tige du cep, & les premières couchées horizontales de ses sarmens contre le mur, commenceront seulement à la hauteur de treize à seize pieds au-dessus du sol, afin de ne point étouffer ou être incommodées par les bourgeons de l’arbre, lorsque ses branches supérieures approcheront de ces premières couchées. Si on est curieux de voir une terrasse très-élevée & garnie à peu près, ainsi que je viens de l’indiquer, il faut se transporter au palais épiscopal de Blois. Je pourrois encore citer plusieurs exemples en ce genre : celui-là suffit, quoique tout cet immense espalier n’ait pas été rigoureusement bien conduit dans ses commencemens.

2°. Des murs de clôture. La perversité des hommes, souvent leurs besoins & notre amour pour la jouissance exclusive, ont fait imaginer les murs de clôture. Lorsqu’on se détermine à les construire, on ne doit pas lésiner sur les matériaux ; le grand point est de s’assurer de leur solidité, & par conséquent d’une longue existence ; c’est le seul moyen d’avoir un équivalent au capital perdu. Après ce premier soin, vient celui de retirer l’intérêt de son argent, en plantant des arbres en espalier ; enfin, le troisième est de rendre agréable & masquer l’enceinte de nos prisons, huit à neuf pieds de hauteur suffisent à ces murs.

Dans les pays où le plâtre n’est pas cher, il faut le préférer à la chaux ; quoique le mur élevé en chaux de sable subsiste beaucoup plus long-temps, mais celui en plâtre facilite infiniment mieux la direction des branches, des bourgeons au moyen des loques. Si le mur est en chaux, sable & pierres, il doit être garni d’un bout à l’autre du grillage en bois, sur lequel on palissade les branches. Si on veut éviter la dépense de ce grillage, il faudra se contenter d’élever le mur sans le recrépir, alors les interfaces d’une pierre à une autre seront apparentes, & on aura la facilité de choisir les endroits nécessaires au placement des clous, qui fixeront les loques. Si le mur est construit en briques, le grillage, par la même raison, est encore plus inutile. Ces derniers murs ont un grand avantage sur tous les