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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/35

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marie. Au mot Alambic, on trouvera sa description.

Il a déjà été dit que les fluides n’ont pas tous la même volatilité, & qu’ils exigent, par conséquent, différens degrés de chaleur pour se volatiliser ; sur ce principe est fondée la distillation au bain-marie.

La chaudière est remplie d’eau ; dans cette chaudière est placée la cucurbite pleine d’eau-de-vie jusqu’au point convenable ; enfin, la cucurbite est recouverte de son chapiteau, uni au serpentin, & lorsque l’eau bout, sa chaleur, alors de quatre-vingt degrés, fait volatiliser l’esprit contenu dans l’eau-de-vie ; il monte seul ou presque seul, & on obtient de l’esprit très-pur. Si le fluide contenu dans la cucurbite éprouvoit le même degré de chaleur que celui de la chaudière, l’esprit & le phlegme monteroient ensemble ; mais l’expérience a prouvé que le fluide environnant, souffre toujours un plus grand degré de chaleur que le corps environné, de quelque nature qu’il soit ; c’est pourquoi, l’esprit monte seul ou presque seul, puisque le phlegme ne sauroit se volatiliser au degré de l’eau bouillante qui l’environne. L’esprit obtenu par ce procédé, est moins chargé d’huile essentielle du vin, que par celui dont on va parler.

La méthode la plus usitée dans les fabriques, consiste à distiller les eaux-de-vie, preuve de Hollande, dans les alambics qui ont servi aux premières distillations ; la seule différence dans le travail, consiste à modérer exactement le feu, afin que l’esprit monte doucement & coule en filet très-fin. Dans ce cas, le bouilleur est forcé malgré lui, à entretenir la plus grande fraîcheur dans l’eau des pipes. Sans ces deux précautions essentielles, l’esprit monteroit avec rapidité, quelquefois feroit débiter le chapeau de la chaudière, & occasionneroit une incendie, presque impossible d’éteindre : ainsi l’opération est toujours très-longue, & demande beaucoup de vigilance & de temps. Voyez le tableau de comparaison des distillations en ce genre, faites dans la brûlerie de Messieurs Argand, & dans celles du voisinage.

Il est facile de concevoir, combien cette seconde méthode est inférieure à la précédente : par la première, il monte moins d’huile essentielle du vin, huile âcre, mordante, & qui communique ses mauvaises qualités à l’esprit ; d’ailleurs, la matière du feu pénètre plus le cuivre de la chaudière, sur laquelle il agit directement, que lorsque la cucurbite est plongée dans l’eau de la chaudière, & on n’a point fait assez d’attention à cette matière du feu, & à sa manière d’agir sur les esprits, ou plutôt sur l’huile du vin, dont il augmente l’acrimonie naturelle.

Pour s’assurer de la pureté de l’esprit, voici les moyens proposés ; ils sont bons à connoître, quoique plusieurs soient insuffisans.

1°. Mettez de la poudre à canon dans une cuiller d’argent, versez par-dessus une certaine quantité d’esprit de vin, & mettez-y le feu. Si la poudre ne s’enflamme pas, le phlegme surabonde. Cette épreuve est conditionnelle ; si on met peu de poudre & beaucoup d’esprit de vin, le moindre phlegme n’empêche pas l’inflammation de la poudre. Si au contraire, on met beaucoup de poudre & peu d’esprit de vin, ce peu ne