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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/354

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ESQUILLE, parties inégales & saillantes formées par la cassure d’un rameau. (Voyez le mot Casser ; il indique quand & comment on doit casser.) Ces esquilles empêchent que l’écorce recouvre la plaie.



ESQUINANCIE, ANGINE, MAUX DE GORGE. L’esquinancie est une maladie inflammatoire, qui établit son siège sur les parties qui concourent à former la gorge ou le gosier, & qui rend la respiration & la déglutition très-difficiles.

On distingue plusieurs espèces d’esquinancies ; les auteurs se sont plû à les multiplier ; il ont cru y être autorisés, parce que, dans cette maladie, c’est tantôt le voile du palais, ou la luette, & les amygdales, & tantôt la glotte, épiglotte, le latin, la trachée-artère, le pharinx, qui sont affectés.

La division la plus ordinaire est en vraie, & en fausse esquinancie.

La vraie esquinancie est toujours accompagnée d’une chaleur, d’une douleur, d’une tension avec difficulté de respirer, & d’avaler que les malades rapportent aux parties de la gorge ; on y apperçoit quelquefois une tumeur ; la fièvre est inséparable de cet état, elle augmente toujours, si on n’emploie promptement des moyens pour la faire diminuer ; les malades ne peuvent pas quelquefois manger, ni boire, & quand ils essaient, les alimens qui reviennent par les narines, tombent quelquefois dans la trachée-artère, & leur procurent des quintes de toux très-cruelles.

L’esquinancie fausse, ou symptômatiques est pour l’ordinaire sans fièvre, ou s’il y en a, elle est petite ; l’inflammation se fait très-lentement, & la tumeur ou le gonflement se manifestent plus au dehors ; le changement de saison, la constitution de l’air, le passage d’un endroit chaud en un lieu froid, & ce qui peut supprimer tout à coup l’insensible transpiration, concourt toujours pour beaucoup à produire différentes esquinancies : toutes ces causes établissent des maux de gorge, des esquinancies catarrales, & symptômatiques, qui dégénèrent en maux de gorge inflammatoires, & qui deviennent vraies ou essentielles. Les tempéramens vifs & bouillans qui s’adonnent à l’usage des alimens salés, des boissons ardentes, spiritueuses, sont très-sujets à contracter des esquinancies vraies ; elles peuvent devenir même mortelles, sur-tout s’ils sont dans l’âge viril.

Le régime qu’on doit prescrire dans ce cas, est le même qu’on ordonne dans toutes les maladies inflammatoires ; les alimens doivent être légers, & donnés en petite quantité ; la boisson doit-être délayante, & aiguisée avec quelque suc acide, de manière cependant à ne point causer d’irritation dans les fauces. Les vapeurs d’eau chaude avec le vinaigre sont aussi très-convenables. Dans l’angine inflammatoire très-forte, où la difficulté d’avaler est jointe à celle de respirer, le remède le plus puissant pour la combattre est la saignée ; mais elle présente deux considérations ; 1o. dans l’angine il faut saigner souvent, mais tirer peu de sang à la fois, pour éviter les défaillances qu’une saignée copieuse pourroit produire. J’ai observé que lorsque la peripneumonie survient avec l’angine, elle est de très-