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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/385

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ment le poisson ne s’échappe. Il est plus prudent de se contenter de jouir du poisson qui reste après l’inondation ; souvent la pêche est très-abondante.

CHAPITRE II.

Des Étangs formés par la main de l’Homme.

Nous avons trois objets à considérer dans ce chapitre ; 1°. la manière de former un étang ; 2°. celle de le peupler, de conserver le poisson & de le pêcher ; 3°. est-il avantageux ou nuisible relativement au bien public, & au bien particulier, de conserver les anciens étangs ou d’en construire de nouveaux ? Je n’appelle pas étangs, les cavités quoique grandes, ménagées sur le penchant des coteaux & des montagnes, & même garnies de poissons. Elles sont consacrées à retenir les eaux nécessaires à l’irrigation des prairies pendant l’été ; de manière que si le besoin l’exige : elles sont mises à sec, & le poisson périt si on ne l’enlève. Ce sont des réservoirs & non des étangs.

Section première.

Des soins qu’exige la formation des Étangs.

I. Des eaux. Elles font fournies ou par des sources, ou par des conduits qui aboutissent à des ruisseaux, à de petites rivières, & dont on détourne & conduit une partie dans l’étang, ou enfin en rassemblant les eaux pluviales. Le grand point est de s’assurer, de la manière la plus positive, si ces eaux quelconques une fois réunies, suffiront à l’entretien de l’étang, même dans les cas de sécheresses ; c’est-à-dire, si dans ces cas, il restera une masse suffisante d’eau, à l’entretien & à la conservation du poisson. Sur cette première vue, on déterminera la longueur & largeur de l’étang ; mais ce seroit la plus grande des folies, que d’entreprendre une pareille opération, toujours très-coûteuse, si on n’étoit pas assuré du plein succès, & si l’on se confioit trop sur l’abondance des pluies. Un bon étang doit nécessairement être rafraîchi par l’eau des sources ou d’un ruisseau, sur-tout si on approche du midi du royaume ; sans cela le poisson diminue de valeur plutôt que d’en acquérir.

Il est possible, à peu de chose près, d’évaluer combien de pouces d’eau l’étang reçoit par jour, ou des sources ou des ruisseaux ; dès-lors on peut calculer combien il faudra de temps avant qu’il soit rempli, & quelle est la quantité d’eau nécessaire pour remplacer celle qui se dissipe par l’évaporation, Plus il y aura de surface, plus il y aura d’évaporation ; & cette évaporation sera encore en raison de la profondeur. De-là résulte la nécessité de tenir les bords élevés, afin que les eaux soient moins répandues & soient plus profondes : alors les rayons du soleil & leur activité ne pouvant pénétrer jusqu’au sol, échaufferont moins l’eau, elle se volatilisera moins. Je ne connois aucun étang un peu considérable, dont une très-grande partie des bords ne soit pas submergée en pure perte, & au grand détriment de l’air.

On doit encore examiner si les eaux des sources & des ruisseaux ne passent pas sur des minéraux tels que le cuivre, le plomb, &c. ; le poisson