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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/406

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Mais il faut prélever la semence, payer la dîme ; ainsi à déduire 300 1. Reste net 112 quintaux, qui représentent 671 liv.

Multipliant ces 672 l. par le produit de cent arpens, on aura 67200 liv.

Diminuons à présent moitié franche, soit pour les frais de culture, soit pour les impositions ; il restera net pour le produit d’une année 33800 1.

Si on trouve que j’ai porté trop bas les frais de culture ou d’impositions, & que l’on veuille que ces frais aient consommé les deux tiers du produit, il restera 20000 l.

Admettons encore le prix de la vente du poisson à 40 ou 50000 l, ce qui est exorbitant ; il y aura encore 10000 liv. de bénéfice du côté du produit des champs, porté à une valeur extrêmement inférieure aux prix des denrées, & à l’abondance des récoltes qu’on doit attendre d’un sol qui est la fertilité même. Il me paroît démontré, jusqu’à l’évidence, qu’une seule année de culture équivaut, & au-delà, au produit des trois années de l’étang ; d’où je conclus que les étangs font nuisibles à l’agriculture en général, s’opposent à la population, à la multiplication des bestiaux & font préjudiciables aux propriétaires.


CHAPITRE IV.

Du danger des Étangs.


Par ce qui a été dit dans les Chapitres précédent, on doit avoir pressenti combien les étangs étoient dangereux, & rendoient mal-saine la campagne voisine. Les raisonnemens les plus concluans glissent sur l’esprit de la multitude ; il faut des exemples.

Les fièvres intermittentes écrasoient les habitans de la partie basse de la Lorraine, les épidémies s’y multiplioient, & la province se dépeuploit. Le terrein desséché, la fièvre a disparu, & on ne parle plus d’épidémie.

On sait que la plaine du Forez est couverte d’étangs ; il n’est donc pas étonnant que les malheureux habitans de cette contrée, soient pendant neuf mois de l’année, réduits à l’inaction & à un état douloureux & languissant. La partie élevée qui borde cette plaine, étoit rarement affectée. Aujourd’hui un particulier a fait construire un étang de cent arpens au pied de la montagne, & les environs sont aussi infectés que ceux de la plaine.

Dans la Bresse Bressante, l’homme le plus âgé d’une paroisse ne passe pas cinquante ans, & il est aussi vieux que le seroit un homme de quatre-vingt-dix ans par-tout ailleurs : les femmes, les enfans ont un ventre ballonné, semblable à celui d’un hydropique ; enfin, cette partie de la Bresse infecte l’autre, & la fièvre est souvent endémique dans les villes de Mâcon & de Châlons, quoique éloignées des étangs.

La ville de Blois, quelquefois celle d’Orléans sont dans le même cas, si les vents d’est & sud-est règnent en l’été pendant quelques jours consécutifs ; ils apportent avec eux les miasmes élevés sur les étangs de la misérable Sologne. Je pourrois citer cent exemples pareils.

Si dans les provinces où la chaleur est tempérée, ils produisent des effets si funestes, on doit juger de leurs ravages dans les provinces méridionales. J’y ai vu les habitans