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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/461

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§. V. l’embryon existe dans l’ovaire avant la Fécondation ; Preuves.

§. VI. La Fécondation végétale se sait par simulation.

§. I. Les deux sexes reconnus dans les plantes.

Au mot Arbre nous avons établi la différence des sexes dans le régne végétal, & depuis très-long-temps l’on avoit découvert que les plantes jouissoient d’une faculté de se reproduire, analogue à celle des animaux. Pline même & Théophraste avoient observé qu’il falloit le concours du palmier mâle pour féconder le palmier femelle. Les botanistes modernes ont fait grand nombre d’observations sur cet objet. Dès le seizième siècle, un botaniste polonois, nommé Zaluzianski, avoit très-bien distingué le sexe dans les végétaux, & reconnu que dans les uns il se trouvoit réuni, tandis qu’il étoit séparé dans les autres sur deux individus ; & l’exemple du palmier mâle & du palmier femelle sert de preuve & de démonstration à l’explication qu’il donne de la fécondation végétale. Camerarius, vers la fin du dix-septiéme siècle, fut encore plus loin, car il reconnut que les graines du mûrier, de la mercuriale, du maïs, ne mûrissoient point lorsqu’on avoit soigneusement enlevé les étamines ; ce qui ne lui avoit pas réussi sur le chanvre ; enfin, il parle des étamines comme des parties femelles de la plante. Cette précieuse découverte n’eut pas d’abord tout le succès qu’elle méritoit, & MM. Tournefort, Grev & Malpighi ne virent dans ces mêmes étamines que des vaisseaux excrétoires, propres à travailler & épurer les sucs qui devoient servir de nourriture au jeune fruit. Ce n’a été qu’au commencement de ce siècle que MM. Géoffroy, Vaillant, & sur-tout le Chevalier von Linné, ont reconnu pleinement le véritable usage des étamines & du pistil, & ce dernier a même établi son fameux système des plantes sur la disposition de ces parties mâles & femelles, qui paroissent absolument nécessaires pour la fécondation. Depuis ces savans observateurs, les expériences & les travaux des Gléditsch, de Juisseu, Bonnet, & Duhamel, n’ont fait que les confirmer. C’est une vérité fondamentale de botanique, qu’en général, dans toutes les plantes, l’organe de la reproduction réside dans le pistil & les étamines.

La description détaillée de ces parties devient donc absolument nécessaire pour l’intelligence de tout ce que nous allons dire ; & le rapport singulier que l’on remarque entre les parties de la génération des végétaux & celles des animaux, nous frappera d autant plus, que leur mécanisme nous sera mieux connu. L’imagination même, soutenue & animée par les brillans phénomènes de la nature, ne voit plus dans l’acte de la fécondation que l’hyménée des plantes ; la corolle s’arrondit & forme un palais où se célèbrent les noces, tandis que le calice est le lit conjugal, dans le sein duquel va se passer le grand mystère ; les étamines sont les parties mâles dont les filets sont les vaisseaux spermatiques ; les anthères, les testicules, & la poussière fécondante, la liqueur séminale ; tandis que le pistil devient la partie femelle, dont le stigmate est la vulve, le style le vagin, & le germe est l’ovaire.