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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/49

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l’avoir bassiné pendant deux ou trois fois avec de la décoction émolliente chaude ; quoique l’amputation soit douloureuse, ce dernier parti est d’autant plus à préférer aux onctions d’onguent que l’on a coutume d’y faire, qu’il est à craindre que le pus creuse, carie les côtes, & perce quelquefois la poitrine. L’opération faite, la plaie sera pansée avec le digestif ci-dessus indiqué. Si l’artiste, après avoir découvert la plaie avec le bistouri s’apperçoit de la fracture des côtes, il est essentiel, dans cette circonstance, de laisser reposer long-temps l’animal, afin de donner le temps aux deux extrémités de ces os de se rejoindre, & au calus de se former. (Voy. Calus, Fracture) M. T.


DUVET. Poils extrêmement déliés, courts, soyeux, qui recouvrent certains fruits, comme les pêches. Si ces poils sont un peu longs & serrés, ils forment un duvet cotonneux, tel est celui du coin, seroient-ils dans les fruits un organe excrétoire ? Je serois plus disposé à admettre cette hypothèse, que de les regarder comme nécessaires à la conservation de la pellicule du fruit. Il n’en est pas ainsi du duvet qui tapisse le dessous des écailles qui recouvrent les boutons, soit à bois, soit à fruit, avant leur épanouissement ; il protège visiblement, & défend le germe enveloppé contre les intempéries des saisons. Lorsque la douce chaleur du printemps ranime la végétation, & la tire de son engourdissement apparent, petit à petit la sève dissout le gluten qui colloit les écailles les unes sur les autres, elles s’ouvrent, le duvet devient visible ; enfin le germe s’élance : ces protecteurs subsistent autant de temps que le germe en a besoin, & après avoir rempli le but de la nature, le duvet & les écailles se dessèchent & tombent. Les bourgeons du marronier-dinde fournissent un exemple bien prononcé de ce développement : que de merveilles dans un si petit objet !


DYSSENTERIE. Médécine rurale. La dyssenterie est cet état dans lequel, à la suite de violentes tranchées, il sort par le fondement des matières sanguinolentes & glaireuses.

Cette maladie est moins meurtrière de nos jours, qu’elle l’étoit du temps des anciens ; ils n’avoient pas, comme nous, la connoissance de l’ipécacuanha ; d’ailleurs, ils étoient plus ternpérans que nous, & cette maladie étoit rare.

La dyssenterie est très-commune de nos jours, &, grâces aux remèdes que nous avons découverts, elle se guérit assez surement, excepté la dyssenterie épidémique : cette dyssenterie est un véritable Prothée, elle prend toutes les formes ; tel moyen qui l’a guérie une année, est nul, sans effet, & dangereux même l’année qui suit. C’est à cette bizarrerie qu’il faut attribuer la perte considérable des malheureux attaqués de la dyssenterie, dans ses commencemens.

Toutes les espèces de dyssenteries peuvent se réduire à deux classes ; l’une blanche & l’autre sanguine ; le sang est mêlé aux matières dans l’une, & il ne paroît pas dans l’autre. Ces deux espèces peuvent être compliquées avec la fièvre ; elles peuvent être simples ou malignes, épidémiques ou non.