Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/543

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grossièrement, sans raisonnement & sans lumières. Réduire l’opération dont il s’agit à un simple travail des mains & du bras, qui ne sera soutenu ni par la réflexion, ni par l’étude & qui n’aura d’autre but que celui d’orner l’ongle pour le sauver d’une destruction plus ou moins prompte, c’est méconnoître le pouvoir de l’art, c’est lui dénier le droit de se conformer aux loix de la nature, pour la conservation de son ouvrage, ou de venir à son secours lorsqu’elle a erré ; c’est s’exposer à ajouter aux imperfections dont il peut être coupable ; c’est enfin s’assurer, en quelque façon, les moyens d’en créer de nouvelles, & de conduire les parties à leur ruine totale.

Le véritable maréchal ne doit donc donner rien au hasard, il ne doit agir que d’après les circonstances : quoiqu’en général, il ne soit pas absolument nécessaire qu’il possède la fine anatomie, il faut néanmoins qu’il connoisse à fond le pied du cheval ; dès lors, sa méthode de ferrer, bien loin de se ressentir d’une routine qui n’admet constamment que le même procédé, n’est uniforme que dans les mêmes cas ; il la varie selon les indications ; les moindres différences qu’il observe dans le pied, déterminent ses vues, & il n’a d’autre règle pour lui, que celle que lui suggèrent l’occasion & son génie.


Section III.

Des Principes que le Maréchal ne doit pas perdre de vue.


On reconnoît dans l’ongle ou le sabot trois parties très-distinctes, l’une supérieure, pourvue de vaisseaux, & moins dense que celles qui lui sont inférieures ; l’autre moyenne, plus compacte que celle-ci, & n’admettant qu’un fluide qui y transsude ; la troisième enfin, ayant encore plus de consistance que la seconde, & absolument dénuée de tout ce qui pourroit en constituer & en annoncer la vie.

Si l’on imprime sur la première de ces parties, & plus ou moins près de la couronne, une marque quelconque, une , par exemple, avec le cautère actuel, cette marque tracée avec le feu descendra insensiblement, avec cette même partie, vers l’extrémité du sabot, & s’évanouira absolument avec elle lorsque la masse totale du pied sera renouvelée : c’est donc une preuve que l’ongle accroît, dès son principe & non par son extrémité, ainsi que nous l’avons quelquefois entendu dire à la campagne ; c’est donc la partie vive qui est la seule dans laquelle s’exécute la nutrition, & par conséquent l’accroissement ; c’est donc cette même partie qui, cédant par degrés à l’impulsion des liquides, est continuellement chassée de manière qu’une partie, peu à peu & nouvellement formée, la remplace ; qu’elle succède elle-même à la partie moyenne qui, successivement aussi se change en partie morte ; & qu’enfin elle prend la place de celle-ci à mesure des retranchemens faits à l’ongle, & que, retranchée comme elle dans la suite, elle cesse d’appartenir à l’animal, & de faire corps avec le sabot.

La partie vive doit donc pousser vers l’extrémité du pied, la partie moyenne & la partie morte ensemble, à mesure qu’elle y est déterminée elle-