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l’humeur lymphatique ; mais il est d’autant plus difficile à détruire que la fièvre lente, dont est travaillé l’animal, ne se manifeste que lorsque la maladie a fait de certains progrès. De sorte que le résultat de l’administration des remèdes les mieux indiqués reste presque toujours sans effet, & ne peuvent tout au plus servir qu’à prolonger la vie languissante de l’animal. D’ailleurs, comme il est possible que cette maladie se communique à d’autres animaux, (voyez Préservatifs) c’étoit dans les vues d’intercepter cette communication, que j’ai souvent fait tuer les bœufs qui étoient attaqués de la maladie que je viens de décrire ; on m’a même assuré que dans ce nombre il s’en trouvoit qui en étoient atteints depuis près de deux ans.

En les ouvrant, j’ai trouvé le mesentère farci d’une matière blanchâtre, solide, quelquefois pierreuse, suppurée, putride ; l’épiploon collé aux intestins, skirreux, ou pourri ; le colon ulcéré, skirreux, calleux, souvent rempli de pus & de vers. Les autres intestins éprouvent pareillement divers désordres ; les estomacs du bœuf, celui du cheval, n’en sont pas même exempts. Je les ai vu ulcérés, skirreux, percés, parsemés de tubercules, & d’hydatides. La cavité de l’abdomen est quelquefois même remplie d’un épanchement séreux, purulent.

Cette marche n’est pas la seule par laquelle la dyssenterie chronique se termine ; car, si le skirre, en augmentant le volume de sa masse, ronge & détruit les vaisseaux sanguins qui le touchent, l’acrimonie que le sang, les excrémens, le chyle & toutes les humeurs qui l’entourent ont acquises par leur séjour, produit une dyssenterie très-âcre qui enflamme & corrode les lieux par où elle passe, cause en même temps des convulsions très-violentes & la mort. Pour ne pas confondre la dyssenterie chronique avec le flux hépatique, on observera que ce dernier leur ressemble un peu par la teinture rouge des déjections qu’il produit, & par un léger ténesme qui l’accompagne quelquefois, qu’il est inséparable de la fivre lente ainsi que cette espèce de dyssenterie, que les animaux qui en sont atteints perdent peu à peu l’appétit : mais il en diffère en ce que les animaux qui en sont atteints, jettent beaucoup de vents, que leurs urines sont chargées de bile, qu’ils toussent, qu’ils ont la respiration pénible, & que la couleur jaune qui paroît sur la surface extérieure de l’anus, est un des signes qui caractérisent le flux hépatique, & le distinguent absolument de la dyssenterie chronique. (Voy. Jaunisse des Bœufs) M. BRA.


DYSURIE, ou difficulté d’uriner. L’urine coule avec peine, mais l’envie de pisser cesse dès que la vessie est déchargée. Quelquefois cette maladie se réunit ou succède à la strangurie, qui est une continuelle envie d’uriner, & dans laquelle l’urine coule goutte à goutte avec de grandes douleurs. (Voyez Urine)