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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/577

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naître, & la première annonce de son arrivée est indiquée par le développement des feuilles. Ce vert naissant ramène l’allégresse : à cette vue les oiseaux chantent le réveil de la nature ; les animaux vont s’engraisser d’une nourriture plus fraîche, & l’homme même, dont les sens ne sont que trop souvent émoussés par le vil intérêt & de folles passions, est encore sensible à ce renouvellement de la nature. La saison s’avance, l’été brûlant prend la place du doux printemps ; les feuilles entièrement développées vont rendre à tous les êtres un nouveau service.

Qui, dans ces jours où les ardeurs du soleil embrasent l’atmosphère, n’a pas désiré d’être assis au pied d’un arbre dont le feuillage épais pût le mettre à l’abri, & lui laisser respirer un air plus frais ? Qui, lorsqu’il a rencontré un ombrage, n’a pas béni dans ce moment l’Auteur de la nature, qui a revêtu les branches d’un nombre immense de feuilles légères qui, jouant sur leurs tiges délicates, brisent & détournent les rayons du soleil, tandis qu’elles agitent l’air, & lui rendent le mouvement si nécessaire à sa pureté ? Tranquillement étendu sur le gazon qui tapisse le pied de cet arbre bienfaisant, il voit voltiger au-dessus de sa tête ce pavillon mobile, pendant que ses membres fatigués reposent mollement sur un lit de verdure. La chaleur qui circuloit dans ses veines se dissipe insensiblement ; la fraîcheur, cet air salutaire, cette aure, qu’il appelle aura veni, vient & lui apporte de nouvelles forces : il renaît, & déjà prêt à continuer sa course, il se lève en saluant l’arbre bienfaisant qui lui a rendu une nouvelle vie. Ah ! s’il connoissoit toutes les merveilles que ces feuilles renferment ! s’il savoit le mécanisme étonnant par lequel elles viennent de lui fournir abondamment cet air pur, cet air vital qui a réparé ses forces & ranimé son courage, son sentiment de reconnoissance seroit accompagné d’admiration. Pour le mettre à même de réunir ces deux sensations, nous allons parcourir tous les phénomènes que la feuille offre à nos regards : ils sont sans nombre, & les observations multipliées de plusieurs savans vont servir de base à leur développement.

Plan du travail sur le mot Feuille.

Section première. De la Feuille en général.
§ I. Description de la Feuille.
§ II. Foliation & position de la Feuille dans le bouton.
§ III. Développement de la Feuille.
Sect. II. Forme des Feuilles.
§. I. Feuille considérée par rapport à sa figure.
§. II. Par rapport à sa disposition.
Sect. III. Anatomie de la Feuille, & usage de chaque partie.
§. I. De l’épiderme & de l’écorce.
§. II. Du réseau cortical.
§. III. Des nervures.
§. IV. Du parenchyme.
§. V. Différence des deux surfaces.
§. VI. Couleur des Feuilles.
§. VII. De leur nécessité.
Sect. IV. Physiologie de la Feuille.
§. I. Sa vie & ses mouvemens spontanés.
§. II. Elle est l’organe de la sève descendante.
§. III. Elle est l’organe de la sécrétion végétale.
§. IV. Sa mort, sa chute ; son utilité après sa mort.
§. V. Systèmes botaniques sur les Feuilles.

Section première.

Description & développement de la Feuille.

§. I. Description de la feuille. La