Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/590

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

profondément sillonné, & les nervures beaucoup plus apparentes. Le premier est la surface supérieure qui regarde le ciel, & le second est l’inférieure toujours tournée du côté de la terre. Comme la nature n’a rien fait en vain, cette différence annonce un objet & des vues différentes ; mais n’anticipons point les merveilles que nous avons à décrire.

Pour pouvoir observer aisément l’écorce d’une feuille, même à la vue simple, prenez une feuille d’arbre quelconque ou d’une plante, dont la feuille soit un peu large & déchirez-la doucement, vous remarquerez que le bord de la déchirure n’est jamais net, & qu’il est garni de lambeaux d’une pellicule très-fine, transparente & d’un blanc-gris mêlé d’un peu de vert. Cette pellicule est l’écorce qui recouvre la feuille ; quand elle est bien enlevée sans portion de parenchyme elle paroît grise, & les taches vertes qu’on y observe sont des portions de parenchyme, qui sont restées adhérentes au réseau. Si la feuille est large, & que le lambeau de l’écorce soit considérable, en regardant à travers & contre le jour, vous pouvez distinguer le réseau cortical, sur-tout avec des yeux exercés à ces observations ; au reste le moindre microscope, une loupe simple suffit pour cela.

Avec un peu d’adresse & la pointe d’un canif, on vient à bout d’enlever de plus grands lambeaux d’écorce, & c’est le moyen qu’il faut employer, lorsqu’on veut faire des observations sur différentes écorces pour les comparer ensemble. Après avoir enlevé l’écorce, le parenchyme paroît à découvert ; mais il paroît d’un vert plus foncé, sans éclat, tandis que cette couleur paroît lustrée sur-tout à la surface supérieure. On lui rend bientôt son éclat & sa couleur, en y appliquant de nouveau le morceau d’écorce qu’on avoit enlevé. Ces jolies expériences sont très-faciles à répéter, sur-tout sur l’espèce de joubarbe dont la tige s’élève à la hauteur d’un pied, un pied & demi ; comme elle est très-charnue, l’enlèvement de l’écorce s’opère aisément, & l’on peut même l’en dépouiller en plus grande partie. Le parenchyme que l’on met alors à découvert, est d’un très-beau vert, avec un œil velouté & tout parsemé de points brillans ; replacez l’écorce, la nuance change, la feuille reprend & sa couleur & son lustre ordinaire.

M. Desaussure qui a poussé fort loin ses observations, a remarqué que toutes les feuilles offroient les mêmes apparences, que dans toutes l’écorce étoit grise & demi-transparente ; que lorsqu’elle paroissoit verte & opaque, c’étoit le parenchyme qui lui restoit adhérent qui en étoit cause ; que par-tout la couleur grise de l’écorce modifioit la couleur du parenchyme, & que par-tout le lustre des feuilles étoit dû à l’écorce ou plutôt à l’épiderme de l’écorce.

En effet, l’écorce d’une feuille est composée de trois parties principales ; de l’épiderme, du réseau cortical & des glandes corticales. Mettez sur le porte-objet d’un bon microscope un lambeau de l’écorce de la digitale, par exemple, & vous distinguerez facilement ces trois parties. L’écorce vous paroîtra exactement comme celle d’une corolle, (voyez à ce mot le dessein d’une écorce de corolle) une membrane fine, couverte d’une espèce de réseau dont les mailles