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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/592

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Il n’en faut pas de là conclure, comme il paroîtroit naturel, qu’ils forment toujours des hexagones réguliers, car les fibres qui composent ce réseau souffrent, d’après ses remarques, de si fréquentes inflexions, cheminent en serpentant d’une façon si irrégulière dans le plus grand nombre des espèces, que les mailles n’ont aucune figure régulière ni même constante ; la digitale, l’éclaire, le merisier, la fumeterre, la sauge &c. &c. en sont la preuve. D’autres fois les côtés des hexagones, que forment les mailles sont rectilignes, comme dans la joubarbe, le gui, la canne-d’inde ; alors l’irrégularité de leur figure ne vient que de leur inégalité & de l’irrégularité de leur position. Quelquefois la maille n’a pas autant de côtés qu’il y a de fibres qui viennent y aboutir ; ainsi, dans l’œillet, dans l’orchis, &c. la maille est un rectangle quoiqu’ordinairement 5 à 6 vaisseaux y aboutissent, & alors le plus grand côté du rectangle est constamment parallèle à la longueur de la feuille : les liliacées & les graminées sont dans ce cas. Parmi les plantes à mailles longues ; les unes ont leurs côtés droits, & les autres tortueux ; les lis à l’arme de job, quelques gramens ont des mailles de la première espèce, & l’iris, l’oignon, le poireau, l’asphodèle, &c. de la seconde. Les mailles qui n’ont que quatre côtés sont fort rares, & peut-être n’y en a-t-il point qui les aient constamment telles.

Si la forme des mailles du réseau cortical varie, la grandeur de ces mailles varie également dans les différentes espèces. Suivant M. Desaussure, elle s’étend depuis de ligne jusqu’à un quart de ligne de longueur, & un trentième de largeur.

Nous avons vu que très-souvent le parenchyme restoit adhérent à l’écorce quand on l’enlevoit : il est très-difficile alors, pour ne pas dire impossible, de reconnoître la forme des mailles du réseau ; cela arrive en général à toutes les plantes dont les feuilles sont sèches & dures.

Les fibres qui forment le réseau & ses mailles, sont de petits cylindres transparens dans leur axe, & qui s’anastomosent parfaitement les uns avec les autres, lorsqu’ils se rencontrent. Le fluide qui les parcourt doit être singulièrement limpide ; puisqu’il n’a tiré en aucune manière la transparence de ces vaisseaux, & l’on peut conjecturer qu’il est de même nature dans toutes les plantes, puisque dans aucune il ne paroît coloré. Ces vaisseaux ne paroissent varier que relativement à leur grosseur, leur figure & leur position, ce qui constitue les différences que l’on remarque dans les mailles. Puisque ces vaisseaux renferment un fluide circulant, ils doivent le recevoir & le transmettre : mais est-il nécessaire, comme le pense M. Desaussure, qu’ils communiquent pour cet effet avec les autres vaisseaux de la feuille ? Non, il suffit que ce réseau qui, existant non-seulement sous l’épiderme de la feuille & de la corolle, mais encore sous celle de toute la plante, se retrouve depuis les racines jusqu’aux extrémités supérieures ; il suffit, dis-je, que ces vaisseaux aient leurs orifices propres par lesquels ils reçoivent ce fluide, & s’en débarrassent indépendamment des autres vaisseaux, soit des feuilles, soit de la tige.