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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/614

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avoit fait un dieu. La fièvre doit être décrite & non définie ; il n’est pas possible de rassembler dans sa définition tous les symptômes qui peuvent la caractériser : il ne faut pas croire, comme Boerhaave, que la fièvre consiste dans un frisson auquel succède une augmentation de chaleur & de vîtesse dans le pouls, parce qu’il peut y avoir fièvre, quoiqu’il manque quelqu’un de ces symptômes. On doit plutôt dire qu’il y a fièvre, lorsqu’on trouve dans un malade un froid auquel succède un excès de chaleur physique, la rougeur du visage, des lassitudes spontanées, des inquiétudes, une lésion notable de la tête & de l’estomac, la difficulté de respirer, une diminution de toutes les sécrétions, qui fait observer la soif qui provient d’une diminution de l’humeur qui lubréfie la gorge, l’œsophage ; la sécheresse de toute l’habitude du corps, occasionnée par la diminution de la transpiration insensible, les urines rouges, &c. À cet état succède un relâchement, une détente générale dans laquelle toutes les sécrétions deviennent plus abondantes. C’est dans cette période qu’on observe les sueurs.

Pour déterminer si un malade a la fièvre, il ne faut pas seulement lui tâter le pouls, mais encore il faut l’examiner de la tête aux pieds, & si l’on trouve l’ensemble suffisant d’un nombre des symptômes dont nous avons déjà fait mention, on peut dire avec toute certitude que le malade a la fièvre. Pour envisager la fièvre sous un point de vue juste, il faut considérer deux choses : l’affection des solides & des fluides.

L’affection des solides peut se réduire à ce qu’ils éprouvent de l’impression immédiate des causes. Telle est l’impression que fait sur les poumons l’air chargé des miasmes varioleux : l’impression que fait sur eux la lésion des nerfs altérés par la cause morbifique, le désordre que produit l’impression des causes morbifiques dans la circulation, & la sympathie qu’il y a d’un organe lésé à un autre.

Quant à l’affection des fluides, je veux dire, à l’altération des humeurs, on ne doit pas faire attention seulement à l’influence réciproque des solides sur les fluides, mais encore à l’altération que le sang reçoit de la fièvre qui lui cause une fermentation nouvelle, différente de celle qui existe naturellement, & qui varie suivant la constitution de nos humeurs avant la fièvre.

Il faut considérer dans la fièvre, comme dans toute autre maladie, deux genres de causes ; les prédisponantes & les déterminantes.

Dans les premières, on comprend le tempérament sec, chaud, bilieux ; la pléthore, sur-tout lorsque les humeurs surabondantes ont acquis une certaine âcreté. Ce n’est pas qu’on doive croire que la bile soit la cause générale de la fièvre, mais comme dans la fièvre il se fait une dégénération bilieuse de nos humeurs, il est à présumer que les tempéramens bilieux qui ont plus de pente à cette dégénération, y sont plus sujets. L’âcreté des humeurs dispose à la fièvre ; L’habitude que contracte le principe vital, de subir les mouvemens fébriles, constitue encore une cause de ce genre.

Les causes déterminantes doivent être distinguées en trois classes, relativement aux parties sur lesquelles elles agissent : ou elles exercent leur