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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/627

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terie ; s’il sue beaucoup, s’il éprouve un froid général ; si la maladie est à son déclin, il faut bien se garder de pratiquer la saignée ; en un tout, avant que le maréchal se décide à saigner un animal quelconque attaqué de la fièvre, il doit faire attention à l’âge, au tempérament, à l’espèce, à la constitution de l’air, à l’espace de la durée de la fièvre, & au nombre de jours qu’il a été malade. L’expérience prouve que la saignée n’est avantageuse que les premiers jours de la maladie, & qu’elle devient nuisible le quatrième jour, en troublant les efforts de la nature, & en empêchant ou retardant la coction de la matière fébrile ou morbifique.

Si la saignée pratiquée dans les trois premiers jours de la maladie, ne favorise pas la résolution, on doit s’attendre à une crise, ou par les selles, ou par les urines, ou par la sueur, ou un flux par les naseaux.

L’état des urines indique toujours quel sera l’effet des sueurs. Sont-elles en petite quantité, rouges & troubles ? les sueurs feront avantageuses ; sont-elles, au contraire, abondantes, aqueuses & claires ? c’est une preuve que la crise, par cette voie, ne peut être qu’imparfaite. Dans le premier cas, il convient d’entretenir la sueur par des boissons mucilagineuses tièdes, telles que la décoction des racines de guimauve, &c. ; tandis que, dans le second, il faut l’exciter par des frictions sur les tégumens, avec des bouchons de paille, (voyez Bouchonner) ou par des couvertures, & en donnant quelque breuvage légèrement sudorifique, fait d’une infusion de quelque plante aromatique, telle que l’absinthe, la sauge, &c. dans le vin vieux, & en ajoutant, à chaque breuvage, une once d’extrait de genièvre, de thériaque, &c., suivant l’exigence des cas. Gardez-vous bien d’imiter certains maréchaux, qui, en pareille circonstance, ne craignent pas d’administrer les sudorifiques les plus actifs à très-haute dose. Quel doit être l’effet de ces remèdes, sur-tout au commencement de la fièvre, si ce n’est d’augmenter les symptômes de la maladie, de les rendre plus graves, de provoquer une sueur plus dangereuse qu’utile, & de faire périr l’animal le cinquième jour de la maladie ?

Dans les cas ou la nature détermine les matières de la fièvre du côté des voies urinaires, il s’agit alors de faire attention à la quantité & aux qualités de urines. Sont-elles copieuses, même dans le temps où la fièvre paroît vouloir se terminer ? cet état n’annonce jamais une crise heureuse. Il en est de même lorsqu’elles sont transparentes, aqueuses, privées de sédiment, & sans odeur. Pour espérer une bonne crise, il faut, au contraire, qu’elles soient troubles, colorées, de mauvaise odeur & chargées d’un sédiment muqueux ; pour lors il convient d’aider la nature par l’administration des breuvages diurétiques répétés, faits d’une infusion de feuilles de pariétaire, en ajoutant une once de sel de nitre pour chaque breuvage, sur-tout si le ventre est tendu, & les matières fécales desséchées ; on doit bien comprendre aussi que l’animal doit être tenu dans une écurie dont l’atmosphère soit tempérée.

On est assuré que la fièvre se ter-