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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/634

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tôt après surviennent des frissons irréguliers, auxquels succède une chaleur fébrile de peu de durée ; les poils se hérissent & se détachent facilement de leur cuir, lorsqu’on les tire avec les doigts ; la respiration est gênée, le pouls a plus de plénitude que dans l’état de santé, sans être dur ni trop plein ; la langue est humide & blanchâtre ; les urines d’abord sont troubles, deviennent ensuite claires & limpides ; les matières fécales, dès le commencement, sont dures & peu abondantes, mais, le troisième jour, le dévoiement commence à se déclarer, & les matières fécales sont couvertes d’une espèce d’huile fétide ; on voit quelquefois paroître sur les animaux qui en sont attaqués, des tumeurs qui augmentent insensiblement, & qui fixent leur siége sur les tégumens ; les forces sont très-abattues, l’animal gémit, bat des flancs, est oppressé, pousse des soupirs ; les yeux se troublent, ils deviennent jaunes, & sont toujours larmoyans ; les convulsions paroissent, & sont bientôt suivies de la mort.

Traitement. D’après tous ces symptômes, les indications que la maladie présente, consistent d’abord à arrêter les progrès de l’inflammation, quoi qu’elle ne paroisse jamais bien vive, mais sur-tout ceux de la putridité & de la gangrène. On parvient à remplir cette première vue, en mettant l’animal à l’eau blanche, à laquelle on ajoute, sur environ un l’eau de cette eau, six onces de la liqueur antiseptique du célèbre Médecin vétérinaire de Lyon, qui est un mélange d’eau-de-vie camphrée & de vinaigre, à parties égales. Si les symptômes augmentent en intensité, il convient d’ajouter à quatre livres de cette eau blanche antiseptique, demi-livre de miel commun, quatre onces de quinquina, & autant de racine de gentiane, qu’on partage en quatre prises, pour un jour, & qu’on donne avec la corne. Les gens de la campagne peuvent substituer au quinquina, en cas qu’il soit trop cher, la même dose d’écorce de saule. La saignée, suivant M. Dufot, médecin pensionnaire de la ville de Soissons, qui observa cette maladie dans le Laonnois, en 1771, ne paroît point indiquée dans aucun temps de la maladie, par la raison que la plénitude du pouls n’est pas assez considérable, & que d’ailleurs cette plénitude est plutôt l’effet d’une raréfaction de sang, que celui d’une pléthore sanguine. (Voyez Pléthore) La saignée alors, bien loin de soulager l’animal, trouble les efforts de la nature, en diminuant les forces vitales. Les purgatifs sont indiqués au commencement & à la fin de la maladie. Ceux qu’on emploie avec succès, sont trois onces de séné & quatre onces de miel commun, sur lesquels on verse une livre d’eau bouillante, & d’heure en heure, on fait boire à l’animal, environ une livre d’eau blanche ; il est bon que les purgatifs soient secondés par quelques lavemens émoiliens. L’expérience prouve que les lavemens purgatifs, ni les breuvages de même nature, composés des drastiques les plus forts, tels que le jalap, l’aloès, ainsi que les préparations d’antimoine, administrées sur-tout à forte dose, ne produisent aucun bon effet. Ces remèdes, ainsi employés, augmentent constamment les battemens des flancs, causent de plus vives agitations dans