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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/648

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primeurs. On réussit, ou par le secours des serres chaudes ou des châssis. (Voyez ces mots & la gravure des châssis) Les arbres, ou plutôt les arbrisseaux sont plantés dans des pots, & ces pots enterrés dans des couches de tan ou de fumier, (voy. Couche) & on les gouverne comme des plantes exotiques. Le sieur Mallet, dans la brochure déjà citée, prescrit ainsi la conduite des figuiers sous les châssis de son invention.

« Étant parvenu au commencement de janvier, on fait la couche uniquement avec du fumier de vache & de cheval. La gelée des rois, qui d’ordinaire est la plus forte, étant passé, vous arrangez, en premier lieu, vos caisses de figuiers sur trois rangs ; cela étant fait, vous jetez entre les caisses un pouce de hauteur de terreau seulement, & vous garnissez ensuite toutes les caisses de paille sèche, très-légérement, jusqu’au niveau des caisses ; ce qui conserve les racines du hâle & en même temps du feu. Au commencement de mars, il n’y a plus rien à craindre, le grand feu de la couche est passé ; vous enlevez la paille, & vous remplissez le vide avec du terreau, dans lequel il se trouve trois quarts de terre. »

» Il faut souvent arroser les figuiers ; quant au degré de chaleur, on les tient depuis le vingt-cinquième au trentième ; quand les figues sont de la grosseur d’une noix, les premières pousses sont d’ordinaire de six à huit pouces de hauteur ; il faut pour lors pincer toutes les extrémités ; cela fait grossir les premiers fruits & augmenter le nombre des seconds. Arroser les figuiers de temps en temps, sont les seuls soins qu’ils exigent. »

» Comme ces figuiers ont donné deux saisons, il est à propos de les faire reposer l’année suivante ; & comme ils ont dévoré tous les sucs contenus dans leur caisse, il faut les rencaisser le printemps suivant, en coupant l’extrémité des racines. »

» L’avantage de mes châssis sur les serres chaudes, est unique pour la végétation. 1°. Les figues venues en serre chaude sont beaucoup plus petites, outre que le goût est désagréable, étant d’ailleurs très-mal saines. Au contraire, les figues de mes châssis sont grosses, bien nourries ; elles ont la peau fine, les sucs sont bien digérés, & le goût en est agréable. 2°. Un figuier forcé par le feu en serre chaude, donne à peine ses premières figues, tant il est altéré, & la plupart sont desséchées ; celles de mes châssis surpassent le plein air, les premières comme les secondes, parce que la maturité est plus accomplie. »

Les assertions du sieur Mallet sont très-vraies ; j’en ai vu la preuve chez lui, & il n’y a aucune ressemblance entre la beauté & la fraîcheur de ses figues, avec celles que j’ai vues cultivées dans les serres chaudes.

Section II.

De la culture naturelle des Figuiers.

§. I. Du local de la Figuerie.

Il ne s’agit pas ici de la culture de quelques arbres épars çà & là ; à bien prendre, ils n’exigent aucuns soins particuliers dans les provinces méridionales. On en voit de monstrueux dans les cours, près des bâtimens, &c. La nature fait tout pour eux, & la main du cultivateur n’a eu d’autre peine que de les planter ; souvent même ils sont venus de graine,