Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eau pénètre les pores & les autres vaisseaux excrétoires, délaye les sucs gommeux & les dépôts des autres humeurs qui les obstruoient : nettoyant ainsi ces canaux, elle rend la circulation plus libre. On lit dans les Transactions philosophiques de Londres, une suite d’expériences sur l’avantage de laver les troncs des arbres, par M. Robert Marsham. L’accroissement en grosseur des arbres qui ont été ainsi lavés, a toujours été plus considérable que celui de ceux qui ne l’avoient pas été ; & cette différence est très-sensible. Des chênes & des hêtres ont été le sujet de ses expériences. Cette opération consiste à nettoyer avec une brosse & une éponge pleine d’eau le tronc ; il n’est pas nécessaire de la répéter souvent ; tous les cinq ou six ans, cela suffit, à moins que l’arbre ne se couvrît trop promptement de mousse & de lichen, alors on pourroit recommencer lorqu’on verroit l’arbre chargé de ces plantes parasites. Cette opération a le double avantage, 1°. de débarrasser l’arbre de ces plantes qui tirent une partie de leur nourriture de la substance même de l’écorce, & qui par-là l’appauvrissent, nécessairement ; 2°. de désobstruer les vaisseaux excrétoires qui viennent aboutir à la superficie & à l’épiderme de l’arbre. Cette expérience mériteroit sans doute d’être suivie & répétée en grand sur différentes espèces d’arbres, surtout sur les arbres fruitiers. On remarque en général que les pommiers & les poivriers sont plus couverts de mousse & de lichen, que les autres espèces d’arbres ; les cerisiers, les abricotiers, &c. & tous les arbres qui laissent transsuder à travers leurs pores des sucs gommeux ou résineux, en sont moins attaqués, sans doute, parce que ces sucs n’offrent pas une nourriture propre à la végétation de ces plantes. Le lavage ne leur sera pas moins très-avantageux, parce qu’il tiendra propre, & fondra les gommes qui suintent & bouchent tous les pores de la superficie de ces arbres, dans les endroits où elles transsudent. Au reste, c’est à l’expérience que nous en appelons.

Section IV.

Des Eaux Minérales.

Nous avons vu que l’eau circuloit en masses même assez considérables dans le sein de la terre, & que sa tendance naturelle à se combiner, la mettoit à même de dissoudre presque tous les corps de la nature. Il n’est donc pas étonnant qu’on ne la rencontre jamais pure au sortir de la terre : toujours chargée & imprégnée de substances hétérogènes, elle cesse d’être élément, & devient un mixte dont les nouvelles propriétés participent ou plutôt résultent de celles des corps avec lesquels elle est combinée. Lorsque ces nouvelles qualités sont assez marquées, assez développées pour donner à l’eau une odeur, une faveur particulière, des vertus médicinales, on leur a donné alors le nom d’Eaux Minérales.

Dès l’instant que les eaux minérales peuvent servir au soulagement de l’humanité, & être d’un grand secours dans plusieurs maladies, il est de notre devoir d’en parler & de les faire connoître à nos lecteurs ; leur être utiles en tout, est le but que nous nous sommes proposé ; heureux si nous pouvons y réussir !