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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/652

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grande partie, au corps du figuier, il faut alors couper l’arbre au niveau de terre, & épargner les jets qui se trouvent tout autour ; si elle n’existe que sur une ou plusieurs branches, sans attaquer les plus grosses ou une partie du corps du figuier, on peut se contenter pour lors de couper toutes les branches mortes du figuier, en laissant subsister celles qui ne le sont pas, quand même elles paroîtroient malades ; mais laisser un pouce de bois mort à la partie vive de la branche sur laquelle on fait l’amputation, parce qu’il défend la moelle de l’arbre contre l’ardeur du soleil, des vents, des pluies, &c. L’intention est bonne, mais l’exécution n’est pas sans défaut. Je préfère de couper jusqu’au vif, & de recouvrir la plaie avec l’onguent de St. Fiacre. (Voyez ce mot) Si on est obligé de couper l’arbre par le pied, on ne doit conserver qu’un seul rejeton & le mieux venant, & porter les autres en pépinière, fumer ensuite largement l’ancien pied avec du fumier de mouton, quand on le peut, ou avec un autre engrais. On peut laisser deux rejetons, & non pas un plus grand nombre, car ils s’affameroient les uns & les autres.

§. III. De la manière de se procurer des Figuiers nains.

Dans les provinces où les figuiers parviennent à une grosseur & hauteur raisonnables, c’est uniquement par curiosité qu’on travaille à faire des nains, & la cueillette d’une quantité de huit à dix figues n’entre pas en compensation des soins qu’on donne à un arbre qui n’en exige aucuns. C’est dans la vue de compléter cet article, que je vais rapporter les deux moyens indiqués dans un Ouvrage imprimé en 1692, & intitulé Culture du Figuier. Je n’ai pas répété ces expériences.

« Plantez en mars un jeune figuier à racines, dans un pot, ou en pleine terre ; & quand il sera bien en sève au mois de mai ou de juin suivant, pliez-le par le milieu comme la moitié d’une ovale, en mettant le bout d’en-haut en terre, à quatre ou cinq doigts de profondeur, & arrêtez cette moitié d’ovale avec quelques crochets de bois, afin qu’elle ne se relève pas. Ce bout, ainsi fiché en terre, prend racine, étant fréquemment arrosé ; & quand en automne on s’apperçoit qu’il en a poussé, on coupe la moitié de l’ovale par le milieu d’en-haut, & on arrache l’autre bout premier planté, & par ce moyen on aura un figuier nain facilement. »

» Au lieu d’en user ainsi, on peut prendre une marcotte ordinaire, & quand elle a pris racine, c’est-à-dire, en automne, au lieu de la planter comme elle devroit l’être, savoir les boutons en montant, on renversera lesdits boutons en bas, & par cette rétroversion, la sève n’ayant plus son cours direct, est obligée de rétrograder, ce qui contraint le figuier à demeurer nain. »

Je ne nie pas cette expérience sur le figuier, mais je puis dire, d’après plusieurs que j’ai tentées sur d’autres arbres ou arbrisseaux, le grenadier, par exemple, qu’en plaçant dans la terre les petites branches, &, par conséquent, renversant l’ordre naturel, elles ont promptement poussé des chevelus ; & ces boutures ont mieux réussi que lorsque j’ai planté le gros bout ; mais malgré cette rétro-