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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/705

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heures du matin. La première tombe sur un sol imbibé de rosée ; elle est elle-même surchargée, le soleil la fane, les brins se collent les uns contre les autres, & ces causes concentrent une humidité qui se dissipe avec lenteur. L’herbe ainsi mouillée, se décolore. La rosée & le soleil agissent sur elle comme sur la cire étendue sur des toiles destinées au blanchiment, & les principes colorans & odorans du foin sont altérés. Si au contraire on a fauché après l’exsiccation de la rosée, l’herbe n’est point détériorée. Le lendemain, ou dans le jour même, suivant le degré de chaleur de la journée, des femmes, des enfans armés de fourches & de râteaux, rassemblent les petits ondains en de plus considérables, & ceux-ci sont les véritables ondains, parce qu’il se trouve une distance entre eux, & qu’ils sont plus sensibles. Le lendemain les mêmes femmes les retournent, de manière que l’herbe qui étoit en-dessous revienne en-dessus, & on répète cette opération jusqu’à ce que toute la récolte soit sèche ; ce qui dure ordinairement deux à trois jours, suivant les climats.

Il est possible de changer cette méthode presque générale, sans augmenter les frais de la récolte, & de donner une qualité supérieure au fourrage. Elle consiste 1°. à ne commencer la fauchaison que lorsque la rosée a été dissipée ; 2°. à laisser les ondains exposés pendant toute la journée à la vive ardeur du soleil ; 3°. à les rassembler de distance en distance, & avant que le soleil soit couché, en petits monceaux de trois à quatre pieds de hauteur sur autant de diamètre. Par ce moyen, la seule partie de ce monceau, exposée à la rosée, est la seule qui perde sa couleur, & toute la partie intérieure est conservée. 4°. Le lendemain, après que la rose est dissipée, les femmes, les mêmes enfans éparpillent dans toute la circonférence, l’herbe du monceau, & sur le soir & avant le soleil couché, ils la rassemblent en un monceau semblable à celui de la veille. L’expérience a démontré que le foin ainsi traité, conservoit sa belle couleur verte & son odeur agréable, deux points essentiels dont dépend sa perfection.

On ne sauroit avoir un trop grand nombre de faucheurs, de femmes & d’enfans, afin d’enlever promptement sa récolte. L’inconstance du temps & les pluies qui surviennent, dérangent beaucoup l’opération, la font traîner en longueur ; lorsqu’on coupe le foin, une partie est trop mûre ; & une plus grande partie se décolore & se dégrade, si la pluie le surprend couché sur terre. Dans ce dernier cas, il ne faut point retourner l’herbe, jusqu’à ce que le ciel soit redevenu sec & serein. Avec cette précaution, la seule herbe du dessus de l’ondain, sera décolorée ; rendue blanchâtre, s’il y a eu alternativement des pluies & du soleil ; d’un noir brun, si l’humidité a été trop soutenue ; la partie inférieure sera moins attaquée, mais elle le sera. Il vaut donc mieux qu’il en coûte quelque chose de plus pour avoir un grand nombre d’ouvriers qui fassent & terminent toutes les opérations par un temps favorable.

Ce que je dis du foin de la première coupe, s’applique aux seconds foins ou regains, ou revivres.

Il est essentiel de veiller sur la manière dont les femmes râtellent, d’examiner au commencement de la jour-