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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/713

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soi-même ; il pourroit en résulter les plus grands dangers. M. AME.


FONTAINE, Histoire Naturelle. Les sources & les fontaines sont des objets trop intéressans à la campagne, pour que nous ne nous y arrêtions pas un instant. Sans ces uniques ressources pour des cantons privés de rivières ou de grands ruisseaux qui portent la fécondité sur leurs rives, le malheureux habitant de la campagne voit un trésor précieux dans ces fontaines qui lui offrent de quoi abreuver ses bestiaux, & de quoi fournir à tous ses besoins. Placées ordinairement dans des vallons, ombragées par des arbres qui croissent sur leurs bords, perpétuellement rafraîchies par l’eau nouvelle qui y afflue sans cesse, animées par le chant des oiseaux qui viennent y chercher, & un abri contre l’ardeur du soleil, & une eau limpide pour se désaltérer & s’y baigner ; communément les sources & les fontaines sont des endroits si charmans, qu’il n’est pas étonnant que l’imagination vive & créatrice des poëtes anciens, ne les ait considérées comme des lieux consacrés par la présence d’une divinité bienfaisante. Les offrandes de fruits & de fleurs, faites à la naïade qui y présidoit, étoit un juste tribut de reconnoissance pour les biens qu’on croyoit en recevoir. Laissons-leur ces douces illusions, & mollement assis sur le tapis de gazon & de fleurs qui bordent l’enceinte de la fontaine, jettons un œil philosophique sur son origine, sur le moyen d’en découvrir de nouvelles, & sur les soins de leur entretien. Nous confondons ici sous le nom de fontaine, les sources & généralement tous les filets d’eau qui sortent de terre, quoique certains auteurs aient voulu établir une distinction particulière entre la fontaine & la source, qu’ils aient considéré la dernière, simplement comme le canal naturel qui sert de conduit souterrain aux eaux, à quelque profondeur qu’il soit placé ; & la fontaine, uniquement comme un bassin placé à la surface de la terre, & qui verse au dehors l’eau qu’il reçoit par des sources, ou intérieures ou voisines.

§. I. Origine des fontaines. On a imaginé une foule de systêmes pour expliquer l’origine des fontaines : on peut les réduire à deux principaux. Suivant le premier, il existe dans la terre des cavernes souterraines remplies d’eau fournie par des canaux qui le propagent jusqu’à la mer : la chaleur centrale fait exhaler ces eaux sous forme de vapeurs à travers les différentes couches de la terre, où elles se condensent & se convertissent en filets d’eau qui s’échappent par les différentes ouvertures qu’ils rencontrent à la surface de la terre. La réfutation de ce systême se déduit naturellement de l’impossibilité de démontrer l’existence, 1°. de ces canaux souterrains depuis la mer jusqu’au milieu des terres ; 2°. de ces cavernes dont les routes font l’office d’alambic ; 3°. des dépôts immenses de sels que l’eau de la mer laisseroit & dans les canaux & dans les cavernes, & qui à la fin devroient tellement obstruer tous les passages, qu’il seroit impossible à de nouvelles eaux de filtrer, de se rendre dans ces prétendus réservoirs, de s’y volatiliser & de former des fontaines. 4°. Les plus habiles naturalistes, accoutumés à observer dans les plus