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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/716

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ment moins abondante & la neige ne tombant plus sur la surface de la montagne, ces grands réservoirs souterrains se déchargeront sans se remplir de nouveau. En automne & à l’entrée de l’hiver ne fournissant plus d’eau, la fontaine cessera de couler, & ne reprendra son cours fourni par le retour des pluies & de la neige, qu’aux mois de mai ou d’avril suivans. Voilà pour les fontaines intermittentes ordinaires, dont l’intermission est de plusieurs mois.

Si la caverne ou réservoir, au lieu d’avoir un canal direct d’écoulement, renferme dans son sein un siphon naturel, (voyez ce que nous avons dit plus haut) dont la plus petite branche plonge dans le bassin, & la plus grande va se terminer à la surface de la montagne, alors ce siphon peut être dans trois proportions différentes ; ou il est moins considérable, c’est-à-dire, il laisse couler une quantité d’eau moindre que celle qui entretient le réservoir plein, ou il est égal, ou il est plus considérable : dans le premier cas, l’écoulement sera toujours le même ainsi que dans le second, parce que l’eau qui remplira le bassin, sera égale à celle qui en sortira ; dans le troisième, au contraire, l’eau cessera de couler jusqu’à ce que le bassin soit rempli de nouveau. La petite branche étant supposée monter le long des parois du bassin, ou du moins jusqu’à ses bords, il faut nécessairement que l’eau vienne jusqu’à la hauteur du coude du siphon, pour qu’elle puisse couler dans la grande branche. Le temps que l’eau mettra à remplir le bassin jusqu’à cette hauteur, sera précisément le temps que doit durer l’intermission.

Rendons ceci sensible par un exemple. On connoît cet instrument dont on se sert pour soutirer les vins, les cidres &c., & auquel on a donné le nom de siphon ; il est composé de deux branches l’une plus courte que l’autre. On met la plus courte dans le tonneau, & on aspire l’air par la plus longue ; le vin monte dans la petite branche, passe pardessus le coude, coule par la plus longue branche & ne cesse de couler, que lorsqu’il n’y a plus de vin dans le tonneau. Remettez du vin dans le tonneau, de façon qu’il parvienne jusqu’au coude ; il coulera de nouveau : ce qui vient d’avoir lieu sous nos yeux dans le siphon & le tonneau, se passe exactement dans le sein de la terre. Le réservoir est le tonneau, & les conduits souterrains sont le siphon. On n’aspire pas l’air dans la grande branche, mais il suffit que l’eau monte dans la petite jusqu’au coude, ou jusqu’à l’endroit le plus élevé de la réunion des deux branches.

Les fontaines peuvent être intercalaires, lorsqu’il se joint un siphon qui joue à plusieurs reprises au produit d’un courant d’eau continuel & uniforme : tandis que l’eau coulera continuellement par le tuyau de conduite, la grande branche du siphon y ajoutera la quantité d’eau qu’il fournira de temps en temps, ce qui fera que le jet de la fontaine, quoique continuel, sera de temps en temps plus considérable.

Il n’est pas rare de voir varier les fontaines intermittentes & intercalaires ; mille circonstances particulières peuvent y influer. La sécheresse ou la pluie plus considérable dans une année que dans une autre, doivent