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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/719

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pour prévenir des dépenses inutiles ; & la sonde est un moyen très-sûr pour y parvenir ; car elle met sous les yeux la nature du terrain d’un pied à un autre, & à une grande profondeur.

Pour remplir ces vues, on fait agir la sonde de cette manière.

Après l’avoir fait descendre jusqu’à la profondeur où l’on conjecture que la source se trouve, ou que la terre que l’on a sortie fait déjà connoître, on attache une éponge à la cuiller de la sonde, qu’on fait descendre jusqu’au fond du trou qui paroît toucher à la source, cette éponge ne doit remplir qu’à moitié la cuiller, en laissant le vide au-dessus. Quand on est arrivé à l’eau, si c’est une source vive & abondante, peu profonde, ou qui ait assez de chute, & sur-tout si elle est couverte par une couche d’argile ou de terre glaise, elle montera par l’ouverture comme dans un tuyau ; mais si c’est un filet d’eau, l’éponge placée dans la cuiller de la sonde, se remplira entièrement d’eau ; si c’est un réservoir d’eau, l’éponge se remplira pareillement, mais en même temps il se mettra, sur-tout dans la partie supérieure vide, de la terre de l’espèce de celle sur laquelle ce réservoir d’eau se trouve assis. Toutes ces découvertes mettent en état d’exploiter ces sources de la manière la plus avantageuse & la moins dispendieuse. S’il s’agit d’une source vive, peu profonde, qui ait une chute suffisante, on peut la faire sortir par sa propre force, comme par un tuyau, sans y rien faire de plus. S’agit-il, au contraire, de divers filets d’eau, on peut juger par la situation du terrein & par la pente de la surface qui est au-dessus, d’où ils viennent ; & ou ils vont, par la pente & la direction de la surface qui est au-dessous ; ce qui met en état de décider de l’endroit où l’on peut creuser avec le plus d’avantage & le moins de dépense. S’agit-il d’un réservoir d’eau ? l’on sait qu’il faut le percer de côté, par le moyen d’une galerie qui y mène, & le mieux sera de la prendre par l’endroit où il y a plus de pente ; &, dans ce cas, il ne sera pas nécessaire que la galerie soit aussi exactement mesurée que si c’étoit un filet d’eau.

En second lieu, il est nécessaire pour faciliter l’ouvrage, de s’assurer à quelle profondeur la source se trouve. Est-elle sur une petite éminence ? il faut savoir si lorsqu’elle sera creusée, on pourra lui donner assez de chute pour la conduire au lieu de sa destination ; sans cela on s’exposeroit à des dépenses inutiles. Est-elle sur un terrein très-élevé ? il faut prendre garde de pratiquer une galerie qui réponde exactement à cette hauteur, & qui aille rencontrer juste la source, sur-tout si c’est un filet d’eau, & qu’il soit dans la même direction avec elle ; car si l’on va ou trop haut ou trop bas, ou de côté, on ne sait plus où l’on en est, & il faut souvent fouiller toute une colline.

C’est ici encore où la sonde est d’un grand usage ; & l’on découvre cette profondeur en même temps qu’on s’assure des différentes couches de terre & de la nature de la source, sans que l’on ait besoin d’un nouveau genre de travail.

Si l’on veut connoître la nature d’une source, il faut aussi faire descendre la sonde jusqu’à ce qu’elle l’atteigne ; en même temps que l’on parvient au premier but, on atteint