Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/625

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

heures. Mais, malgré l’application de ces topiques, la tumeur paroît-elle s’accroître ? loin de vous décider pour la castration, ainsi que quelques auteurs le conseillent, faites, au moyen d’un bistouri, une petite incision dans la partie la plus déclive de la tumeur, & injectez dans l’ulcère, du vin miellé jusqu’à parfaite guérison.

On doit bien comprendre que ce traitement est insuffisant, lorsque l’hydrocèle reconnoît pour cause un vice particulier des humeurs, tels que le virus de la morve, du farcin, &c. (voyez Farcin, Morve), & qu’il n’est possible alors de le guérir, qu’en combattant la cause principale par les remèdes qui lui sont propres. M. T.


HYDROCÉPHALE. Médecine Rurale. L’hydrocéphale est un amas d’eau dans la tête. On en reconnoît deux espèces ; la première est extérieure, & intéresse le cuir chevelu de la tête ; quelques-uns l’ont appelée œdème du cuir chevelu ; la seconde a son siège dans les ventricules du cerveau. Nous n’admettrons que cette dernière, malgré certains auteurs qui en ont établi deux autres espèces ; c’est-à-dire, l’une entre le crâne & la dure-mère, & l’autre entre la dure & pie-mere. Il est probable que celle qui consiste dans l’augmentation, contre-nature, des eaux qui sont naturellement épanchées dans le cerveau, est la seule qui existe dans la nature, & qui soit prouvée par des observations positives ; cette maladie est familière aux enfans, les adultes y sont moins exposés ; les symptômes qui la caractérisent sont si sensibles, qu’il est impossible de la méconnoître. Les enfans attaqués d’hydrocéphale ont la tête monstrueuse en grosseur, & plus pesante que le reste du corps. Ils sont foibles, tristes, pâles & languissans ; ils se plaignent d’une douleur au sommet de la tête ou sur les yeux ; ils ne peuvent supporter la lumière, l’assoupissement se manifeste par degrés ; ils vomissent très souvent ; ils éprouvent des maux de cœur, leur pouls n’est jamais égal ; les pulsations qui en sont irrégulières, & quelquefois entrecoupées, diminuent de plus en plus & les jettent le plus ordinairement dans un état de langueur qui leur est toujours funeste. À tous ces signes joignez l’insomnie ; ils voyent presque toujours les objets doubles, ils délirent, les convulsions surviennent, la pupille se dilate, & la mort termine toutes leurs souffrances.

Tout ce qui peut blesser le cerveau ; peut produire l’hydrocéphale ; les coups, les chutes, des excroissances, un contre-coup, une forte commotion au cerveau, peuvent la déterminer ; elle peut venir à la suite d’un accouchement laborieux & très difficile, ou de l’enclavement de la tête dans le petit bassin ; cette maladie peut encore dépendre d’un vice écrouelles, ou vénérien, de la suppression des urines, ou de tout autre évacuation accoutumée ; elle se manifeste quelquefois après les fluxions de la tête, les douleurs de dents, les convulsions, & les affections vermineuses des enfans ; mais toutes ces causes sont peu efficaces, si on n’admet une disposition à contracter cette maladie, & une foiblesse & un relâchement naturel des fibres du cerveau.