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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/210

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gogne ; toutes les autres s’y rapportent pour la longueur & pour la qualité, si ce n’est du côté de l’Auxerrois, où le mouton est plus gros & d’une toison plus commune.

Les autres espèces vont en diminuant de vingt-huit à vingt-quatre pouces ; les laines tiennent beaucoup de celles du Dauphiné.

Il y a en Lorraine & dans les Trois-Évéchés quatre branches principales de bêtes à laine ; une petite, connue sous le nom d’Ardennoise, portant une laine fine & peu garnie ; elle est très répandue dans les Vosges. La seconde, appellée petite Allemande, qui est plus grosse, & a le double de laine de la première. La troisième, qui est celle du pays, surpasse en poids les précédentes. La quatrième, qu’on nomme grande Allemande, originaire du pays d’Hanovre, est plus forte que les trois autres en poids & en laine. Les bêtes à toison noire sont rares dans les Trois-Évéchés.

La plus grande partie des moutons de la Lorraine est pareille en corsage au mouton de Vallage de la Champagne, mais leur laine est plus moelleuse & plus recherchée ; le reste est inférieur à cette espèce du côté de la taille, & a beaucoup de rapport avec les petits moutons bocagers des Ardennes,

L’Alsace, autrefois renommée par la quantité de ses troupeaux & par leur bonne qualité, n’en auroit pas aujourd’hui pour sa consommation sans la Suisse & la Lorraine ; la méthode de parquer est presque sans exemple dans cette province.

XVI. Isle de France, Normandie, Picardie & Flandres. & par la grandeur des bêtes à laine qui s’élèvent dans les meilleurs cantons ; cette race, qui cause de la surprise à ceux qui la voient pour la première fois, se soutient à la faveur des gras pâturages qui sont, à tous égards, les plus substantiels de tout le reste du royaume. La Picardie & la Normandie sont des pays très propres à l’éducation du bétail. L’Isle de France se suffiroit à elle-même, si elle n’avoit d’autres besoins à remplir que ceux des villes du second ordre, mais Paris est un gouffre pour la consommation.

L’Isle de France. Les troupeaux y accourent de tous les environs, la consommation de la capitale les y appelle, & l’on peut dire en général que les propriétaires sont peu attentifs aux remplacemens. L’espèce dominante se rapporte à la branche picarde du Beauvoisis ; les autres sont des moutons Bricads, des Baucerons, des Sologneaux, du Barrois, du Cauchois, des Normands, même des Liégeois & des moutons de Faux. Les bergers de l’Isle de France se conduisent, dans le gouvernement des troupeaux, comme ceux de la Picardie.

La Normandie, dans sa partie haute, est abondante en excellens pâturages. La basse est une continuation de la Bretagne, & a beaucoup de rapports avec elle.

Les pâturages de la haute Normandie se partagent naturellement en deux classes. Les herbages des prairies & les pâtures vaines & vagues, auxquelles il faut joindre celles des jachères & des plaines cultivées après la moisson. Cette division en amène une autre, qui est celle des