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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/237

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semence blanche. Il s’élève & se ferme bien sous cloche ; semé sur couche en octobre, il vient à son point en avril. Dans les provinces du midi, à semer en janvier.

Alfange chicon, si on peut l’appeller ainsi, tendre & délicat ; à feuilles lisses, fines, alongées, pointues, terminées en forme de langue de serpent ; leur couleur est d’un verd pâle, avec quelques ombres de taches rouges au sommet ; semence blanche ; monte & pourrit facilement.

La pourriture n’est pas à craindre pour les laitues pommées ni pour les chicons dans les provinces du midi, soit à raison de la sécheresse du climat, soit parce qu’on arrose par irrigation. Si les pluies cependant y sont très-abondantes & continues, ce qui est fort rare, ces laitues y pourrissent plutôt que dans le nord.


CHAPITRE II.

De la culture des laitues.


I. Provinces du midi. On a dû remarquer, en suivant l’énumération des espèces, l’époque à laquelle on doit les semer : on choisit à cet effet un lieu bien abrité ou par des murs, ou par des claies faites exprès ; la terre doit être fine, bien retraitée & travaillée ; ainsi préparée elle est prête à recevoir les semences des laitues à manger au printemps. S’il étoit possible de se procurer dans ces provinces des couches & des cloches, il conviendroit alors de semer en décembre, & même en novembre ; dans ce cas, on auroit des plans à lever & à mettre en pleine terre dès les mois de janvier & février. On courroit alors les risques d’en perdre beaucoup, moins par la rigueur du froid, que par l’impétuosité des vents qui occasionnent une forte évaporation dans la plante, & produisent sur elle le même effet que les fortes gelées. Il y a, ainsi qu’on l’a vu, des espèces qui résistent mieux les unes que les autres ; & qui, par cette raison, ont été nommées laitues d’hiver ; ces espèces doivent être semées à la fin d’août, en septembre & au commencement du mois d’octobre : peu à peu elles s’accoutument aux matinées fraîches, & sont déjà endurcies contre la rigueur de la saison lorsqu’on les replante à demeure pour passer l’hiver. Les autres, au contraire, ont été élevées délicatement, & la transition d’un lieu à un autre est plus ou moins funeste, à raison de la diversité de température ; cependant, à force de soins & avec de la paille longue, on garantit ces laitues d’été des intempéries de l’air, & on en jouit beaucoup plus tôt. Les cultivateurs ordinaires ne prendront pas ces peines trop minutieuses, & la vente de leurs primeurs ne les dédommageroit pas du temps qu’ils auroient perdu ; il vaut mieux attendre d’avoir chaque chose dans sa saison ; la saveur de la plante est délicate & à son point, & la dépense est alors moins considérable. Les amateurs & les gens riches peuvent satisfaire leur fantaisie. Si la saison devient âpre, de la paille longue, jetée sur les semis, les préserve du froid. Quelques jardiniers, afin de conserver la fraîcheur & d’empêcher l’évaporation de la terre, couvrent le sol, dès qu’il est semé, avec des feuilles d’artichaut, de choux, & la graine germe plus vite, & n’est pas enlevée par les chardonnerets, les pinçons & autres oiseaux qui en sont très-friands. Cette précaution