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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/355

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Nous avons dit plus haut que le mouvement périodique de la lune autour de la terre s’achevoit en vingt sept jours, sept heures & quarante trois minutes ; cependant comme la terre continue de se mouvoir autour du soleil pendant ce temps, & qu’elle parcourt près d’un des douze signes, la lune ne peut se retrouver exactement en conjonction ou nouvelle, que lorsqu’elle a parcouru le signe que la terre a parcouru, & il lui faut, pour achever cette révolution, deux jours, cinq heures & une minute, ce qui fait que l’on compte vingt neuf jours, douze heures & quarante quatre minutes d’une nouvelle lune à l’autre. On a distingué ces deux espèces de mois en astronomie, & on a nommé le premier mois lunaire périodique & le second mois lunaire synodique.

Quand on jette les yeux sur la lune dans son plein, on y apperçoit des points brillans & des taches obscures & il est vraisemblable, que ce sont différens endroits qui réfléchissent ou absorbent les rayons lumineux. Parmi les taches obscures, on en a remarqué de changeantes, relativement à la position du soleil, qui étoient projetées du côté de l’orient, lorsque le soleil est occidental par rapport à l’hémisphère éclairé de la lune, & qu’elles devenoient occidentales lorsque le soleil se trouvoit à l’orient, ce qui indiqueroit assez de grandes ombres, produites par des corps élevés comme des montagnes.

Non-seulement la lune a un mouvement périodique autour de la terre dans l’espace de près d’un mois, mais elle met un certain espace de temps pour achever toutes ses revolutions, tant périodiques, par rapport au point du zodiaque d’où elle est partie, qu’anomalistes, par rapport à son apogée, & que draconitique, par rapport aux nœuds ; de façon qu’au bout de ce temps la lune se retrouve au même endroit, & qu’elle recommence une nouvelle révolution complette. Ce temps embrasse le cours de deux cens vingt trois lunaisons, & ramène les éclipses de lune assez également ; les deux cens vingt-trois lunaisons forment l’intervalle de six mille cinq cent quatre-vingt-cinq jours & un tiers, ou bien dix-huit années, (quatorze communes & quatre bissextiles) onze jours, sept heures, quarante-trois à quarante-quatre minutes. Cette période ou ce retour exact a été nommé saros, & les astronomes Chaldéens en faisoient un très-grand usage pour la prédiction des éclipses ; les modernes en tirent aussi un très-grand parti.

Mais rien ne prouve mieux l’influence de la lune sur notre atmosphère, & par conséquent sur la terre, que la belle application que M. l’abbé Toaldo a fait de cette période de dix-huit ans à la météorologie : il a découvert, en comparant les observations météorologiques, faites durant l’espace de trois saros, que le retour des saisons & de leurs météores étoient presque les mêmes, & qu’on peut presque annoncer leurs révolutions, c’est-à-dire la température, le changement de temps, les pluies, l’abondance ou la stérilité, &c. &c., en comparant les années ensemble de dix-huit en dix-huit ans. Cette observation ingénieuse peut être d’un grand secours pour la campagne, lorsqu’après une longue