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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/420

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supérieure du tronc, & descendant jusqu’aux racines ; elle creuse toute la partie ligneuse, & n’épargne que l’écorce, qu’elle attaque aussi, lorsque tout le bois & l’aubier ont été dissous par la pourriture. Les arbres dont la tête ou quelques grosses branches ont été brisées ou coupées, sont assez sujets à cette maladie, sur-tout lorsqu’ils sont d’un bois poreux & léger, comme le saule. J’ai cependant vu des sapins & des chênes attaqués de cette maladie, & dans l’intérieur desquels on pouvoit tenir plusieurs personnes à-la-fois. La pourriture est occasionnée par la partie du bois mise à nud, que l’humidité de l’air, la pluie & l’eau qui y séjourne, commencent à pourrir ; la sève ralentie par cette altération, s’échauffe, fermente, réagit contre les fibres ligneuses, & les décompose en les ramenant à l’état de terreau ou d’humus végétal.

11°. Suppuration des plaies. Une plaie faite à un arbre par accident ou en le taillant, est une issue qu’on procure aux différens sucs qui circulent dans l’arbre, & par laquelle ils s’extravasent si on ne s’y oppose. La désunion des fibres & la contraction des parties occasionnent naturellement le flux des sucs, & établissent une vraie suppuration ; elle sera séreuse, gommeuse ou résineuse, suivant la nature des sucs des vaisseaux que l’on a mis à découvert par la plaie ; cette suppuration peut dégénérer en carie & moisissure, si on n’y apporte remède. Le remède est bien simple, il consiste à appliquer sur la plaie de l’onguent de S. Fiacre, ou tout autre corps qui empêche la communication de la plaie avec l’air. Lorsque l’homme a cru que les sucs, les gommes & les résines que certains arbres contenoient, pouvoient lui être de quelqu’utilité, alors il a su tourner cette maladie à son profit, & il a fait des plaies à ces arbres, afin que la suppuration naturelle lui fournît ces produits.

Tumeurs. (Voyez ce mot) La tumeur ne diffère de la loupe que par ce qu’elle affecte toutes sortes de formes irrégulières, mais elle reconnoît les mêmes principes, & affecte la plante où elle se forme de la même manière que la loupe.

Ulcères coulans. (Voyez Chancre)


Maladies produites par des causes externes.


1°. Blanc. (Voyez ce mot) taches blanches que l’on apperçoit sur quelques feuilles & sur quelques tiges de plantes, qui gagnent insensiblement jusqu’au bas des tiges & jusqu’à la racine ; elles sont dûes à des obstructions des extrémités.

2°. Brûlure. (Voyez ce mot) Maladie propre aux arbres fruitiers, dûe aux premières gelées du printemps, qui glacent l’eau & l’humidité dont les tiges & même les boutons ont été imprégnés par les brouillards & le gîvre.

3°. Cadran. (Voyez ce mot) Maladie propre aux troncs des gros arbres ; elle réunit les fentes circulaires de la roulure, & les rayons de la gelivure.

4°. Champlure. Cette maladie dûe au froid qui, survenant tout-d’un-coup après une automne humide, surprend & glace les jeunes tiges herbacées de l’année, qui n’ont pas eu le temps de se fortifier & de se durcir.