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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/453

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leurs parties. (Consultez le mot Grenadier, & vous verrez que les boutures faites ainsi avec les branches de cet arbrisseau, reprennent beaucoup mieux.)

Les plantes à tiges articulées, telles que celles des œillets, des roseaux, &c. sont marcottées avec beaucoup de facilité. Commençons par les marcottes, au succès desquelles la nature s’oppose le moins, & dont la position des tiges favorise encore l’opération.

Toute espèce de marcotte suppose qu’on s’est pourvu, d’avance, d’une terre fine, légère & substantielle, afin que les racines des plantes puissent s’étendre sans contrainte, & acquérir promptement une certaine consistance.

Les plantes à tiges articulées ont toutes un bourrelet à leur articulation, cette partie est recouverte par une ou deux feuilles, & leur sert de point d’attache. C’est précisément ce bourrelet qui facilite la sortie & l’extension des racines. L’œillet va servir d’exemple pour la manipulation.

Dans l’endroit du nœud de la tige, qui peut le plus commodément être enfoncé en terre, enlevez les deux feuilles avec un canif, ou autre instrument tranchant, à lame fine & bien éguisée ; coupez horizontalement, & sur le nœud, jusqu’à la moitié du diamètre de la tige ; après cela, suivant la distance d’un nœud à l’autre, faites une incision perpendiculaire au centre de la tige, sur cinq à huit lignes de hauteur, & qui pénètre jusqu’à l’incision déjà faite horizontalement sur le nœud, de manière que pour peu que la tige soit inclinée, elle présente cette figure. (Voyez planche IX, figure III, page 395)

A, nœud sur lequel on a fait, avant de coucher la tige, la coupure horizontale ; B coupure perpendiculaire ; D partie séparée par un de ses bouts, d’avec le reste du nœud, par la coupure perpendiculaire. C’est précisément à l’extrémité D, & sur sa partie de bourrelet, que les racines prennent naissance.

Après que les incisions sont faites, on creuse une petite fosse de douze à vingt-quatre lignes de profondeur : (il s’agit ici des œillets dans le vase ou en pleine terre) on incline doucement la tige dans la fosse, & près d’E on enfonce un petit crochet pour la maintenir dans cette position. La grande attention à avoir, consiste à empêcher le rapprochement des parties A & D ; elles doivent, au contraire, rester séparées, & former entre elles un triangle tel qu’on le voit de D en A. Cet espace vide est garni de terre, afin d’empêcher le rapprochement des deux parties. On remplit ensuite la petite fosse avec la terre dont on a parlé, & on a grand soin que la tige qui sort de terre, conserve une direction perpendiculaire ; ce qui s’exécute facilement au moyen de la terre qu’on relève contre : quelques personnes plantent un second crochet en A, afin de mieux assujettir la marcotte. Il ne reste plus qu’à plomber la terre avec la main, à arroser le tout, & à le tenir à l’ombre pendant quelques jours.

C’est une coutume assez générale, lorsque les marcottes sont faites, de couper toutes les sommités des feuilles des œillets. L’expérience a prouvé que cette suppression ne leur est pas nuisible ; mais est-elle absolument nécessaire ? Je ne le crois pas. On fait, pour l’autoriser,