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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/539

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Admettons que les bâtimens soient élevés, que l’air soit pur, que l’eau soit abondante ; une meilleure culture sous les yeux d’un cultivateur vigilant & entendu, suppose nécessaire une meilleure récolte, par conséquent plus de local, plus de bâtimens qu’on n’en avoit auparavant ; cette meilleure culture suppose un plus grand nombre de valets, plus de bétail, plus d’instrumens aratoires, il faut plus de place pour les loger ; que fait-on ? on adosse par-ci par-là un toit supporté par un mur ; on augmente la totalité des bâtimens, & non pas l’aisance de service. Ces additions sont proportionnellement plus coûteuses que si on avoit réellement élevé sa maison d’un étage ; la toiture auroit servi au rez-de-chaussée & au premier étage. C’est par ces additions, faites après coup, que les logemens sont sans ordre, sans arrangemens, sans commodités. Un acquéreur doit prendre son parti tout de suite ; je ne prétends pas qu’il doive renverser tous les édifices, mais qu’il dresse un plan général, auquel se rapporteront toutes préparations postérieures. Je mets en fait que si on examinoit bien le total des réparations ou additions partielles qui ont été faites, on trouveroit qu’elles excèdent de beaucoup ce qu’il en auroit coûté pour rebâtir à neuf une ménagerie ; la seule excuse capable de pallier cette faute, c’est que ces additions ont été faites petit-à-petit, & que le propriétaire s’est moins apperçu de la dépense ; mais j’ajoute qu’elle auroit été moindre si on avoit travaillé d’après un plan général, & cependant par parties, suivant ses facultés. Comme il n’est pas possible de parler de chaque métairie en particulier, soit par rapport à sa position, soit par rapport à sa salubrité, à sa facilité pour le service des champs, &c. &c. &c. il vaut beaucoup mieux supposer, qu’après avoir acheté une étendue de terrein quelconque, cette métairie est assez considérable & assez productive pour nécessiter à la dépense des constructions. Enfin supposons que le propriétaire aisé est déterminé à y vivre, &, pour la rendre plus agréable, supposons encore que les bâtimens seront placés à mi-coteau d’une colline à pente très-douce.

Il faut convenir que cet emplacement est heureux, qu’il facilite les moyens d’avoir de bonnes caves, de placer avantageusement un cellier, (Voyez ce mot) de donner l’écoulement à toute espèce d’eaux, de les rassembler dans des creux à fumier, de n’en perdre aucune sans le vouloir, &c. ; mais, avant de fixes l’emplacement, il convient d’examiner s’il n’est pas exposé aux vents orageux du pays, s’il est à couvert des évaporations des lieux infects, des étangs, entraînées par les courrans d’air ; si les eaux de source sont abondantes & continuelles, & si on peut les disposer avec facilité pour le service de la maison & pour l’irrigation des jardins ; enfin s’il est possible d’y réunir toutes les commodités & toutes les aisances qui contribuent à rendre le service plus facile & moins coûteux, deux objets essentiels auxquels on ne fait pas assez d’attention.

Faisons actuellement connoître le plan d’une métairie ornée & habitée par un propriétaire aisé, il sera ensuite facile de le réduire à celui d’une métairie simple & proportionnée aux facultés & suivant les besoins des propriétaires moins fortunés ; c’est donc