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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/548

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village, dont la récolte est le fourrage & les grains, est presque toujours divisé par hameaux, & occupé souvent plus d’une lieue quarrée de superficie. Sur cette même étendue on trouve quatre à cinq villages dans les pays de vignobles. Actuellement que l’on mette en parallèle laquelle de ces deux étendues paye plus d’impositions à l’état, & on aura la solution du problème.

Ce n’est pas tout. Si l’on compare la perfection du travail dans les pays de vignoble, avec celle des grands pays à grain, il n’y aura aucune proportion. Si, dans le pays de vignoble il se trouve quelques champs dans le voisinage, à coup-sûr il n’y aura pas une année de jachère pour eux, chaque année ils donneront une récolte, parce qu’ils seront travaillés à mains d’hommes. Outre le montant de l’imposition, l’état retirera un plus grand produit d’une superficie de champ, comparée avec la même dans la plains.


Section II.

Des vastes métairies, relativement aux particuliers.


Les opinions sur cet objet différent suivant les pays. Par exemple, les écrivains Anglois sont presque tous pour les grandes possessions ; quelques François ont copié ce qu’ils ont écrit, & leur entousiasme anglomane a embrouillé un peu plus la matière. Ils ont comparé la France avec l’Angleterre, dont toutes les productions se réduisent aux grains, aux laines, au bétail & aux mines ; tandis qu’en France nous avons les mêmes productions, & de plus les vins, les eaux-de-vie, les huiles de noix & d’olive : objets principaux dont les Anglois sont privés en totalité. En présentant au lecteur impartial, les objections pour & contre, il sera à même de juger avec connoissance de cause.


§. I. Des avantages des grandes métairies.


1°. Une grande métairie ou ferme, suppose presque toujours une fortune aisée chez le propriétaire, & la bonne culture dépend de l’aisance ; suivant sa position, il peut y élever des chevaux, du bétail, de nombreux troupeaux : objets qui demandent peu de dépense, produisent beaucoup, & sans exiger aucun déboursé, servent à remplacer les animaux affoiblis par l’âge ou par les maladies.

2°. Il y a réellement moins d’avances foncières à faire dans l’aménagement d’une forte métairie, que dans celui de deux ménageries dont l’étendue égaleroit la première, en supposant la qualité du sol & la nature des produits parfaitement les mêmes.

3°. Il faut payer, nourrir moins de valets dans une grande ménagerie, que si elle étoit divisée en deux.

4°. L’entretien des bâtimens, des harnois, des outils de labourage, &c. est moins coûteux, & on a plus de ressources dans les grandes possessions.

5°. Comme on y fait les provisions en grand, il y a un bénéfice réel ; parce que le propriétaire aisé les fait à propos… Tout objet acheté par parcelles, coûte beaucoup plus.

6°. Si la saison presse, les valets & les bestiaux y sont tous employés sur le même champ ; les récoltes, les semailles sont plus expéditives.

7°. Un grand propriétaire trouve plus facilement de bons valets que les petits ; ils sont mieux payés &