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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/590

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consécutives. Je le répéte, la culture du maïs est préférable à tous égards.

Si le sorghum réussit dans les pays chauds, c’est parce que l’on n’y craint pas les gelées. On a par conséquent la facilité de semer de très-bonne heure ; la plante profite des pluies de la fin de l’hiver & du printemps pour hâter sa forte végétation, & à mesure qu’elle approche de sa maturité, elle a moins besoin de pluie, & plus besoin de chaleur ; c’est précisément ce qui arrive dans ces climats. Au contraire, dans nos provinces, même les plus méridionales du royaume, quoique l’hiver n’y soit pas rigoureux, le voisinage des Alpes, des Pyrennées, ou de leurs embranchemens & de leur prolongation, ne mettent pas à l’abri des gelées. Il faut donc attendre qu’elles ne soient plus à redouter. Dès-lors la saison s’avance, les pluies cessent, la grande chaleur survient ; enfin, la végétation languit & souffre, &c.

Si malgré ce que je viens de dire on veut tenter cette culture dans l’intérieur du royaume, on doit préparer la terre au moins par deux bons labours croisés, & semer par sillons lorsque l’on ne craindra plus les gelées ; il faut ensuite herser & briser les mottes ; le reste de sa culture comme celle des deux millets précédens. En septembre, ou en octobre, suivant le climat & l’époque des semailles, on levera sa récolte.

Un écrivain assure que l’année d’après on a semé du sainfoin sur le champ qui avoit servi au sorghum ; d’où il conclut que cette plante n’effrite pas la terre ; & je lui réponds d’après mon expérience, que le bled & le seigle y réussissent fort mal. D’où vient donc cette différence ? De la forme des racines du sainfoin & de celles du bled. Les premières sont pivotantes, & les secondes chevelues, & presque horizontales. Celles-ci ont trouvé une terre épuisée, & celles-là une terre neuve en-dessous. Je l’ai déjà dit cent fois, la forme des racines d’une plante désigne quelle doit être sa culture, & celle du grain qui doit être semé ensuite. Le trèffle, le sainfoin, la luzerne, les carottes, les panais, &c., n’effritent point la partie supérieure de la terre, & toutes les graminées laissent intacte celle du dessous, puisqu’elles n’y pénètrent pas.

Voyez ce qui a été dit à la seconde colonne de la p. 226 du second volume. Une gelée survint vers le milieu du mois d’octobre, & tout périt ; cependant j’avois déjà coupé une douzaine de brassées de ce fourrage. L’année suivante cette dernière récolte ne fut presque pas plus abondante, quoiqu’il n’eût pas gelé avant le 10 décembre ; mais le degré de chaleur nécessaire manquoit à la végétation.


MISERERE. Voyez Colique.


MOINEAU. Oiseau malheureusement trop connu pour qu’il soit nécessaire de le décrire. On a eu la sagesse de mettre sa tête à prix en Angleterre, & aujourd’hui la race en est détruite ; la même loi subsiste dans quelques cantons d’Allemagne : pareille méthode seroit très-utile en France ; on devroit encore comprendre dans la proscrition les pinçons, quoique moins destructeurs que les moineaux le froid seul les oblige, sur l’arrière saison & dans l’hiver, d’environner nos maisons & de se jeter dans les greniers. La nour-