Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/625

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en faisant avaler au malade, trois fois par jour, deux gouttes d’alkali volatil dans un verre de boisson.

Autrefois, pour guérir les effets venimeux de la vipère, on faisoit des ligatures très-fortes au-dessus de la partie mordue, & en même temps des scarifications profondes sur la plaie ; on y appliquoit du sel, du poivre & autres matières très-irritantes, enfin on faisoit avaler du vin aromatisé ; on se contentoit même de faire sucer la playe.

Mais aujourd’hui les moyens qu’on employé sont & plus doux & plus efficaces ; on se sert, outre l’alkali volatil, de l’application de l’huile d’olive qui suffit quelquefois pour guérir de l’impression du venin de la vipère sur la peau. On lit dans la gazette de santé (n°21, mois de mai 1777) qu’un homme apercevant une vipère sous une laitue, & voulant l’arrêter par le milieu du corps avec un instrument trop foible pour pouvoir la blesser, prit son couteau pour lui couper la tête ; mais l’animal, irrité, s’élance si violemment, qu’il se retire avec frayeur ; revenu de sa peur, il parvint à la tuer : un moment après, la main qu’il avoit présentée devint très-enflée, il assura n’avoir pas été mordu, il se frotta la main avec l’huile d’olive, & cela suffit pour le guérir.

Cette observation pourroit faire présumer que la vipère lance son venin par la seule contraction de ses muscles, & que le venin ainsi lancé s’insinue à travers l’épiderme, sans qu’il y ait blessure à la peau. Mead a vu jaillir le venin de la vipère comme d’une seringue, en faisant ouvrir la gueule à ce reptile, & en lui pressant extrêmement le col, puisque le muscle qui presse la glande où le venin se filtre, est susceptible de la plus forte contraction, & peut en outre exprimer subitement les vésicules qui le renferment & l’en faire sortir, comme par la compression on fait sortir l’huile essentielle contenue dans les mamelons de l’écorce d’un citron. M. Ami.

Morsure. Médecine vétérinaire. C’est une plaie faire à la peau par la dent d’un animal. Les morsures par elles-mêmes n’ont aucune suite funeste ; mais elles produisent quelquefois des effets terribles, quand les animaux qui les font, sont en fureur, ou enragés, ou venimeux.

Notre dessein n’est pas d’entrer ici dans une longue discussion sur les remèdes qu’on doit employer contre les effets de la morsure des animaux enragés. On trouvera là dessus les détails nécessaires, en consultant le mot Rage. Nous allons traiter seulement de la morsure de la vipère, comme étant l’accident le plus ordinaire, & le plus funeste aux animaux répandus dans la campagne.

Le venin de la vipère est corrosif. Cartheuser, dans sa matière médicale, dit d’après Rhedi, que sa couleur est semblable à l’huile que l’on retire des amandes douces ; il est renfermé dans des vésicules qui se trouvent sous la dent de ce reptile, lorsqu’il les a redressées pour mordre. La vésicule étant alors comprimée, le venin coule dans la dent, & s’insinue par une petite fente longitudinale, qu’on remarque à l’extrémité de la courbure externe de cette dent. Lorsqu’elle mord, elle introduit dans la plaie son venin, qui, s’insinuant dans les vaisseaux, coagule peu-à-peu le sang, interrompt la circulation, &