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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/645

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d’empêcher la contagion, en condamnant avec certitude ceux qui sont morveux ; 3°. afin d’arracher à la mort une infinité de chevaux qu’on condamne très-souvent mal-à-propos. Il ne s’agit ici que de la morve proprement dite.

La cause de la morve commençante étant l’inflammation de la membrane pituitaire, le but qu’on doit se proposer est de remédier à l’inflammation ; pour cet effet, on met en usage tous les remèdes de l’inflammation ; ainsi dès qu’on s’aperçoit que le cheval est glandé, il faut commencer par saigner le cheval, réitérer la saignée suivant le besoin, c’est le remède le plus efficace : il faut ensuite tâcher de relâcher & de détendre les vaisseaux, afin de leur rendre la souplesse nécessaire pour la circulation ; pour cet effet, on injecte dans le nez la décoction des plantes adoucissantes & relâchantes, telles que la mauve, guimauve, bouillon blanc, brancursine, pariétaire, mercuriale, &c., ou avec les fleurs de camomille, de mélilot & de sureau : on fait aussi respirer au cheval la vapeur de cette décoction, & sut-tout la vapeur d’eau tiède, où l’on aura fait bouillir du son ou de la farine de seigle ou d’orge ; pour cela on attache à la tête du cheval un sac où l’on met le son ou les plantes tièdes : il est bon de donner en même-temps quelques lavemens rafraîchissants pour tempérer le mouvement du sang, & l’empêcher de se porter avec trop d’impétuosité à la membrane pituitaire.

On retranche le foin au cheval & on ne lui fait manger que du son tiède, mis dans un sac de la manière que je viens de le dire : la vapeur qui s’en exhale adoucit y relâche & diminue admirablement l’inflammation. Par ces moyens, on remédie souvent à la morve commençante.

Dans la morve confirmée, les indications que l’on a, sont de détruire les ulcères de la membrane pituitaire. Pour cela on met en usage les détersifs un peu forts : on injecte dans le nez, par exemple, la décoction d’aristoloche, de gentiane & de centaurée. Lorsque par le moyen de ces injections, l’écoulement change de couleur, qu’il devient blanc, épais, & d’une louable consistance, c’est un bon signe ; on injecte alors de l’eau d’orge, dans laquelle on fait dissoudre un peu de miel rosat ; ensuite pour faire cicatriser les ulcères, on injecte l’eau seconde de chaux, & on termine ainsi la guérison, lorsque la maladie cède à ces remèdes.

Mais souvent les sinus sont remplis de pus, & les injections ont de la peine à y pénétrer ; elles n’y entrent pas en assez grande quantité pour en vuider le pus ; elles sont insuffisantes ; on a imaginé un moyen de les porter dans ces cavités, & de les faire pénétrer dans tout l’intérieur du nez ; c’est le trépan, c’est le moyen le plus sûr de guérir la morve confirmée.

Les fumigations sont aussi un très-bon remède ; on en a vu de très-bons effets. Pour faire recevoir ces fumigations, on a imaginé une boëte dans laquelle on fait brûler du sucre ou autre matière détersive ; la fumée de ces matières brûlées est portée dans le nez par le moyen d’un tuyau long, adapté d’un côté à la boëte, & de l’autre aux naseaux.

Mais souvent ces ulcères sont calleux & rebelles, ils résistent à tous les remèdes qu’on vient d’indiquer ; il faudroit fondre ou détruire ces cal-