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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/65

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V. Des arbustes odorans ou à jolies sieurs. Le taraspic… la pervenche du Cap… l’héliotrope du Pérou… le lilas de Perse… la rose gueldres… les rosiers de toutes espèces.. les jasmins d’Espagne, d’Arabie, des açores & le jasmin jaune très-odorant.. le laurier thym… le pêcher… l’amandier nain & à fleurs doubles… le myrthe… la bruyère du Cap… le genêt à fleurs doubles… le spirea à feuilles d’obier & de saule… le seringa à fleur double… le leonurus ou queue de lion d’Afrique… le thym… le serpolet… la lavande… la marjolaine… le marum… le géranium ou bec de grue… l’immortelle jaune.

Je sais qu’on peut ajouter beaucoup à ce catalogue, mais le grand fleurimane le trouvera à coup sûr trop nombreux ; il se contente de cultiver les prime-vères, les auricules, les œillets, les tulippes, les renoncules, les anémones, & ensuite quelques plantes de fantaisie.

Section III.

Du temps de semer.

Si on n’est pas riche en fleurs de distinction, il faut absolument prendre le parti de semer, à moins qu’on ne soit dans le cas de satisfaire ses fantaisies à prix d’argent. On jouit plutôt, il est vrai, mais cette jouissance est moins précieuse, moins flateuse que celle d’avoir obtenu par ses soins, ou une espèce nouvelle, ou une espèce perfectionnée. Les Flamands & les Hollandois font un commerce de graines qu’ils vendent assez chèrement, c’est à eux qu’il faut s’adresser, & ils sont en général de très-bonne foi : c’est d’eux surtout qu’il faut tirer la graine des prime-véres & des oreilles d’ours. Les semis de ces deux plantes ni leur culture ne réussiront jamais bien dans nos provinces du midi ; on en sème la graine aussitôt qu’elle est bien mûre, dans des terrines remplies de terreau consommé, ou avec de la terre noire que l’on retire du dedans du tronc des vieux arbres ; on peut attendre à la semer à la fin de l’hiver ; il en est ainsi de celle des oreilles d’ours, des tulipes, des jacinthes, des œillets. Quelques amateurs attendent le mois de septembre pour les semis des graines à oignon, sans doute dans la crainte des effets de la chaleur de l’été : en plaçant les terrines au nord, on parera à cet inconvénient, & la jeune plante aura pris de la consistance avant l’hiver. Chacun, sur cet objet, doit consulter le climat qu’il habite & l’expérience ; il me paroît cependant qu’on ne risque jamais rien d’imiter la nature, qui confie à la terre le soin des graines dès qu’elles sont mûres. Lorsque la plante est annuelle, lorsque les gelées la font périr, à coup sûr elle ne lèvera pas avant l’hiver ; si elles sont vivaces, & si elles bravent le froid, elles germeront & végéteront dès que l’air ambiant sera au degré de chaleur qui leur convient. (Voyez les belles expériences de M. Duhamel, décrites au mot Amandier, page 458.) Voilà les loix invariables qui doivent guider les fleuristes.

Le semis des anémones, des renoncules se fait aux mêmes époques.

Les semis n’ont encore rien ajouté aux jonquilles, aux narcisses, ni à la tubéreuse, on a obtenu des fleurs doubles, rien de plus. Il n’en est pas ainsi des tulipes, les espèces se sont singulièrement multipliées ; la tulipe