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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/725

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Ce moulin est le plus simple de tous ; mais il exige qu’une personne repousse sans cesse la pâte de E en F, & la suppression d’une journée d’homme, qui se renouvelle sans cesse, n’est pas une petite économie.

La figure 2 démontre qu’on peut se passer de cet ouvrier. La table A est en maçonnerie comme dans la figure première ; mais au lieu d’être inclinée comme celle de E en F, elle forme au contraire une auge circulaire. L’extérieur est construit en pierres taillées exprès, qui portent un peu sur la meule gissante ; & le noyau intérieur qui supporte l’arbre est de la même hauteur que les pierres de la circonférence ; de sorte qu’entre elles & lui, l’espace forme l’auge. Si les circonstances le permettent, on peut construire & tailler le tout dans une seule pierre, ou bien on se sert de plusieurs. La cavité qui se trouve de C en D forme l’auge de six à dix pouces de profondeur, dans laquelle la meule E roule & tourne sur elle-même comme dans la figure première. Comme les parois du noyau & des pierres de la circonférence sont taillées d’à-plomb, la pâte retombe au fond de l’auge, à mesure que la meule s’avance & s’éloigne ; mais comme cela n’arrive pas toujours, & comme la pâte a besoin d’être soulevée, d’être ramenée au milieu de l’auge pour que la meule la reprenne, on ajoute un rabot ou valet qui suit la meule, & fait le travail de l’homme dont on a parlé. À cet effet on attache en FF, du côté de la meule qui traverse le levier G, une corde ou une chaîne, ou une petite barre de fer appellée tringle : cette corde, chaîne, &c. derrière & un peu au delà de la meule. Là les deux bouts de la corde s’attachent à la base des oreilles HH de l’instrument de fer I appellé rabot ou valet, représenté séparément, fig. 3 ; de sorte que la meule en tournant le traîne après elle.

Ce rabot est courbé en demi-cercle dans le même sens que l’auge. Il touche en tournant par toutes les parties, & presse celles de la pierre. Les deux montants HH sont repliés en manière d’oreilles, dont la largeur augmente en raison de leur élévation, afin de faire tomber dans le milieu de l’auge le marc qui étoit adhérent à ses parois. La partie inférieure K du rabot est applatie, mince & elle sert à soulever la pâte sur laquelle la meule vient de passer ; de sorte que lorsque la meule revient, la pâte est retournée, & présente de nouvelles faces.

Si dans les environs du local on avoit un courant d’eau à sa disposition, il vaudroit mieux en construire un à aubes, qui iroit par la chute de l’eau (Voyez fig. 5.) ; & en y ajoutant un valet ou rabot, on économiseroit la journée d’un homme, & de deux chevaux ou mules, parce que les animaux ont besoin de se reposer après avoir travaillé pendant deux à trois heures de suite. Je ne propose le plan de ce moulin que pour en donner l’idée, parce que les accessoires doivent varier suivant le local, la quantité d’eau & sa chûte. Si la chûte ou la quantité sont considérables, la même roue à aubes, & le même arbre CC peuvent en faire aller plusieurs. Ce moulin ne diffère des précédens que par la position des roues. L’eau est supposée venir par