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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/731

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dépouiller de toute poussière & de toute terre ; s’il y reste quelques corps durs, on les sépare. Il ne s’agit plus que d’apporter les toiles des matelas, & de les remplir aussi également qu’on le peut : l’épaisseur de six, huit, à dix pouces forme un excellent matelas ; après cela on coût toutes les ouvertures, on pique d’espace en espace le matelas, afin que la mousse ne se rassemble pas par paquets. Si le matelas, à force de coucher dessus, s’aplatit, on le bat de temps à autre ; il reprend sa première épaisseur, & il dure plus de dix ans.

Des effets nuisibles des mousses. On a déjà dit qu’on nommoit vulgairement mousses toutes espèces de plantes qui s’attachoient aux arbres, & qui se nourrissoient à leurs dépends, le guy excepté. (Voyez ce mot) Les principes répandus dans l’air atmosphérique contribuent au moins pour les trois quarts à leur nutrition. Ce n’est donc pas par l’absorption des sucs qu’elles tirent des arbres qu’elles leurs nuisent beaucoup ; on pourroit même avancer en général que l’écorce des arbres sert seulement de matrice à leurs racines, extrêmement déliées & fines ; en effet, on voit des lichens assez ressemblans à ceux des arbres, croître & végéter sur des pierres, sur des rochers nuds & durs, qui ne peuvent fournir à leur nourriture ; ainsi on peut conclure, par analogie, que les arbres ne contribuent en rien ou du moins pour bien peu à la prospérité des mousses, des lichens, & des autres plantes parasites. Le véritable dommage qu’elles causent aux arbres, consiste dans la suppression de leur transpiration sous toute la partie qu’elles recouvrent, & l’on sait jusqu’à quel point cette sécrétion est essentielle à la plante, à l’homme & à l’animal.

On a conseillé de déchausser tout autour le pied de l’arbre jusqu’à la courbure principale des grosses racines, & de jeter dans cette fosse un demi-boisseau, par exemple, de cendres de bois ou de charbon de terre ; c’est travailler & tourmenter un arbre en pure perte, puisque le remède ne peut pas produire l’effet qu’on désire. Par cet engrais, on augmentera la végétation de l’arbre, sans détruire les lichens ou les mousses, puisque ces plantes ne s’attachent que sur leurs écorces, & même sur les écorces devenues sèches, ligneuses, crevassées & réduites en croûtes sèches, comme on le voit sur les vieux chênes, &c. Dira-t-on que le sel des cendres, dissous & entraîné avec la sève dans son ascension & sa descension dans l’arbre, fera mourir ces plantes ; ce seroit avancer un paradoxe, puisque la sève ne nourrit plus les écorces déjà séchées ou ligneuses. Il n’y a qu’un seul moyen capable de détruire ces lichens, ces mousses ; c’est d’avoir des brosses à poils courts & rudes, ou des torchons de paille, & d’en frotter, après qu’il a plu, les branches, les troncs qui en sont chargés ; alors ces lichens ramollis, cèdent facilement, & l’arbre reste net. En général, les arbres qui croissent dans des terreins secs, & dont les pieds sont assez éloignés les uns des autres pour que leurs têtes ne se touchent pas, ne sont pas sujets à avoir des plantes parasites ; au contraire, ceux qui végètent dans un terrein bas, humide, ou souvent arrosé, ou sous un ciel pluvieux, en sont couverts, si on ne les en délivre ; ce qui prouve encore que ces plantes se