Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/747

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

humide ou froide, on peut, s’il est nécessaire, aider la mère à sécher son agneau, en l’essuyant avec du foin ou avec un linge. Les brebis qui agnèlent pour la première fois, sont plus sujettes que les autres à négliger leurs agneaux ; pour les rendre plus attentives, on les sépare du troupeau, & on les enferme quelque part avec leurs agneaux. Lorsqu’un agneau ne cherche pas de lui-même la mammelle, c’est-à-dire le pis pour tetter, il faut l’en approcher, & faire couler du lait de la mammelle dans sa gueule. Lorsqu’une brebis rebute son agneau, qu’elle l’empêche de tetter & qu’elle le fuit, il faut la tenir en place, & lever une jambe de derrière pour mettre les mammelles à portée de l’agneau.

La brebis fait ordinairement un seul agneau, quelquefois deux, & très-rarement trois. Il y a des races de brebis qui portent deux fois l’an. On dit que celles des comtés de Juliers & de Clèves portent deux fois, & donnent deux ou trois agneaux chaque fois ; cinq brebis produisent jusqu’à vingt-cinq agneaux en un an. Quoi qu’il en soit, si la brebis qui a fait plus d’un agneau est grasse, si les mammelles sont grosses & bien remplies, si la saison commence à être bonne pour les pâturages, on peut laisser à la mère deux agneaux, mais il faut lui ôter le troisième, j & même le second, si elle est foible, ou si la saison est mauvaise.

VI. Comment fait-on venir du lait aux brebis qui n’en ont pas assez ? En quel temps peut-on traire les brebis, & quelles sont celles que l’on peut traire ? De l’usage du lait.

On fait venir du lait aux brebis en leur donnant de l’avoine ou de l’orge mêlées avec du son, des raves & des navets ; des carottes, des panais ou des salsifix ; des pois cuits, des fèves cuites, des choux ou du lierre, &c. (Voyez tous ces mots) on les mène dans les meilleurs pâturages. On a remarqué que le changement de pâturage leur donne de l’appétit, & leur fait beaucoup de bien, pourvu qu’on ne les fasse pas sortir d’un bon pâturage pour les mettre dans un moindre.

Lorsque l’agneau qu’allaitoit une mère brebis ne peut pas la tetter, on tire le lait de la mammelle pour le faire boire à l’agneau. On peut aussi traire les brebis lorsque les agneaux sont morts ou sevrés. Il y a des bergers allemands qui sèvrent les agneaux à huit ou dix semaines, & qui traient ensuite les mères pendant toute l’année. Dès que les agneaux peuvent paître, il y a des gens qui les séparent des mères sans les sevrer entièrement. Le matin, après avoir trait les mères, ils font venir les agneaux pour tetter le peu de lait qui est resté dans les mammelles, ensuite ils éloignent les agneaux pendant toute la journée ; le soir, ils les font revenir pour tetter encore, après que l’on a trait les brebis. On dit que le peu de lait qui reste à chaque fois, joint à l’herbe des pâturages, suffit pour la nourriture de ces agneaux ; mais, si l’herbe n’étoit pas assez nourrissante, cet usage pourroit leur être nuisible.

L’écoulement de lait préserve les brebis de plusieurs maladies qui pourroient venir d’humeurs trop abondantes ; mais lorsqu’il dure trop longtemps, les brebis maigrissent & dépérissent, & elles donnent moins de laine.