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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/756

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graisse. À trois ans ils sont plus gros, & prennent plus de graisse. À quatre ans ils sont encore plus gros & ils deviennent plus gras ; mais leur chair est moins tendre. À cinq ans la chair est dure & sèche ; cependant si l’on veut avoir le produit des toisons & des fumiers, on attend encore plus tard, même jusqu’à dix ans, lorsqu’on est dans un pays où les moutons peuvent vivre jusqu’à cet âge ; mais il faut les engraisser un an ou quinze mois avant le temps où ils commenceroient à dépérir.

On connoît qu’un mouton est gras, en le tâtant à la queue, qui devient quelquefois grosse comme le poignet ; on regarde aussi aux épaules & à la poitrine, & si l’on y sent de la graisse, c’est signe que les moutons sont bien gras. Lorsqu’après les avoir dépouillés on voit sur le dos la graisse paroître en petites vessies comme de l’écume, c’est une marque de bon engrais : cela arrive ordinairement lorsqu’ils ont mangé des navets. Les moutons que l’on a engraissés d’herbages ou de pouture ne vivroient pas plus de trois mois, quand même on ne les livreroit pas au boucher. L’eau qui contribue à ces engrais, causeroit la maladie de la pourriture. (Voyez ce mot)

CHAPITRE V.

De la conduite des moutons aux pâturages.

Les principales règles que les bergers doivent suivre pour faire paître les moutons, peuvent se séduire à sept.

1°. Faire paître les moutons tous les jours, s’il est possible.

2*. Ne les pas arrêter trop souvent en pâturant, excepté dans les pâturages clos.

3°. Empêcher qu’ils ne fassent du dommage dans les terres exposées au dégât.

4°. Éviter les terreins humides & les herbes chargées de rosées ou de gelées blanches.

5°. Mettre les moutons à l’ombre durant la plus grande ardeur du soleil, & les conduire le matin sur des coteaux exposés au couchant, & le soir sur des coteaux exposés au levant, autant qu’il est possible.

6°. Éloigner les moutons des herbes qui peuvent leur être nuisibles.

7°. Les conduire lentement, surtout lorsqu’ils montent des colines.

Nous allons, pour l’instruction des gens de la campagne, faire un paragraphe particulier de chacune de ces règles principales.

§. I. Pourquoi faire paître les moutons tous les jours ?

On doit faire paître les moutons tous les jours, parce que la manière la plus naturelle & la moins coûteuse de nourrir les moutons, est de les faire pâturer, & qu’on n’y supplée qu’imparfaitement en leur donnant des fourrages au râtelier. En pâturant ils choisissent leur nourriture à leur gré, & la prennent dans le meilleur état : l’herbe leur profite toujours mieux que le foin & la paille. Quand même ils ne trouveroient point de pâture dans les champs, l’exercice qu’ils prendroient en marchant, leur donneroit de l’appétit pour les fourrages secs ; d’ailleurs, l’allure naturelle des bêtes à laine est de vaguer de place en place