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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/764

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d’autres arbres ; on la fait sécher, & on la brise, pour la donner ensuite aux moutons dans des auges ; mais on ne fait usage de cette nourriture que lorsqu’il n’y en a pas de meilleure. Ces animaux mangent non-seulement les marrons d’inde, lorsqu’ils sont coupés en deux ou trois parties, mais aussi l’écorce qui les enveloppe, quoiqu’elle ait des pointes dures & piquantes. Quant aux chaillats, ce ne sont que les tiges, les feuilles & les gousses des pois, des haricots, des vesces, des lentilles & des féveroles, après que les plantes ont été battues : lorsqu’on les bat, il s’en casse des parcelles que l’on ramasse, & que l’on appelle de la bourre ; les bêtes à laine aiment mieux le chaillat que la paille : il est plus nourrissant. Le chaillat de pois a moins d’humidité que celui des haricots.


CHAPITRE VII.

Manière de donner à manger aux moutons. De la quantité des alimens. Manière de les faire boire et de leur donner du sel.

§. I. En quel temps est-on obligé de donner à manger aux moutons ?

Lorsque les moutons ne trouvent pas assez de pâture dans la campagne ni dans les enclos, ou lorsque les mauvais temps les empêchent de sortir, il faut leur donner du fourrage au râtelier ou dans les auges.

Dans les provinces de France, où l’hiver est rude, on commence à donner du fourrage sec aux moutons en octobre & en novembre ; on le donne le matin, lorsque la gelée blanche empêche pendant quelques heures le troupeau d’aller à la campagne, & le soir, lorsqu’il revient du pâturage sans être assez rempli ; mais lorsque la neige empêche pendant toute la journée le troupeau de sortir, on lui donne le matin & le soir du fourrage sec ; mais il faut tâcher d’avoir à lui donner, dans le milieu du jour, une nourriture fraîche, telle que des feuilles de choux, des racines de carottes, de panais ou de chervis, des raves, des navets, des pommes de terre ou des topinambours ; des marrons d’inde, du gland, &c. (Voyez le chapitre VI, § 2, 3 & suiv.)

§. II. De la quantité de feuilles de choux, de carottes, de navets, de pommes de terre, de marrons d’inde, qu’on doit donner aux moutons.

On a éprouvé qu’un mouron de taille médiocre mangeoit environ cinq livres de feuilles de chou en un jour ; ainsi il faut en donner au moins une livre & demi pour une ration. Lorsque les feuilles sont tendres comme celles des choux cabus, il les mange en entier ; mais lorsqu’elles sont dures comme celles du chou de bouture, il laisse des côtes qui font près d’un tiers du poids des feuilles : pour y suppléer, il faut donner au moins deux livres de ces feuilles pour une ration. Un mouton mange environ trois livres de carottes à un repas, près d’une livre & demi de navets ; environ une livre & demi de pommes de terre ou de topinambours, à peu près une livre & un quart de marrons d’inde ou de leur écorce.