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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/766

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VI. §. V.) On a remarqué depuis long-temps que le chaillat de fèves est plus sec que le chaillat de pois, & qu’il faut le donner aux bêtes à laine le soir dans les temps humides & pluvieux.

§. IV. En quel temps cesse-t-on de donner à manger aux moutons ? Quelle quantité d’herbe un mouton mange-t-il en un jour ?

On cesse de donner du fourrage aux moutons dans le râtelier, au printemps, lorsqu’ils commencent a trouver dans la campagne une suffisante quantité d’herbe pour leur nourriture, & lorsqu’ils sont bien ronds, c’est-à-dire, bien remplis en revenant le soir à la bergerie.

Un mouton de taille médiocre a mangé chaque jour, suivant l’épreuve qui en a été faite, près de huit livres d’herbe tirée d’un bon pré. On a fait perdre à cette herbe environ les trois-quarts de son poids en la faisant faner ; huit livres d’herbe se sont réduites à environ deux livres de foin. On peut donc conclure qu’un mouton de taille médiocre, mange à peu près huit livres d’herbe en un jour, ou environ deux livres de foin dans le même espace de temps ; mais lorsque les moutons ne mangent que de l’herbe, ils ne boivent que peu ou point du tout, tandis que lorsqu’ils sont au sec ils boivent une plus grande quantité d’eau.

V. De la meilleure eau pour les moutons. De la quantité d’eau qu’ils peuvent boire, & dans quel temps on doit les faire boire.

L’eau des rivières & des ruisseaux qui coulent continuellement, est la meilleure pour les moutons. L’eau des lacs & des étangs qui coule en partie, est préférable à l’eau des marais qui ne coule point du tout : il n’y faut abreuver les moutons que lorsqu’il est impossible d’avoir de meilleure eau. La plus mauvaise est celle qui croupit dans les marais, dans les mares, dans les fossés, dans les sillons, &c. Lorsqu’on est obligé de donner aux moutons de l’eau de pluie ou de citerne, il faut l’exposer à l’air pendant quelque temps. Les eaux croupies & corrompues sont très-nuisibles aux moutons, & sont la source des maladies épizootiques. (Voyez Épizootie.)

Ces animaux boivent peu, quand ils sont en bonne santé ; lorsqu’on voit un mouton courir à l’eau avec trop d’avidité, c’est signe qu’il est malade ou qu’il le deviendra bientôt. Les moutons ne boivent que très-peu dans les temps où les herbes sont les plus succulentes. Ils boivent davantage dans les grandes sécheresses, dans les grandes chaleurs, les grands froids, & lorsqu’on ne leur donne que des nourritures sèches. Alors un mouton d’environ vingt pouces de hauteur, boit une, deux, trois ou quatre livres d’eau par jour, mais il y a des jours où il n’en boiroit point, quoiqu’on lui en présentât. On sait par des expériences faites par M. Daubenton, que plusieurs moutons nourris d’un mélange de paille & de foin au fort de l’hiver, sont restés dans une étable fermée pendant trente jours sans boire, & qu’on ne leur a reconnu d’autre incommodité que la soif.

Quant au temps où l’on doit faire boire les moutons, il y a sur cela