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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/774

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laine fertilisent dans un parc l’espace de cinq cent pieds quarrés ; ainsi, il faut soixante-cinq parcs pour un arpent de terre. Si l’on fait trois parcs chaque jour, il faudra vingt-deux jours pour fertiliser un arpent ; trente-deux jours, si l’on ne fait que deux parcs en un jour ; soixante-cinq jours, si l’on ne fait qu’un parc : & suivant le même calcul, deux cents-soixante-dix moutons parqueront un arpent, en douze parcs ; deux cents bêtes, en dix-sept parcs ; cent bêtes, en trente-deux parcs, &c. L’arpent de terre contient à-peu-près cent perches quarrées, de dix-huit pieds chacune, ce qui fait trente-deux mille quatre cents pieds quarrés.

Avant de faire parquer les moutons, on donne deux labours, afin que l’urine entre plus facilement dans la terre. Aussi-tôt que le parcage est fini dans un champ, on le laboure afin de mêler la fiente & l’urine avec la terre, avant qu’il y ait du dessèchement ou de l’évaporation.

Lorsqu’un champ est semé, & que le grain est levé, on peut encore parquer dans des jours secs, jusqu’à ce que le bled ou l’orge ait un pouce de hauteur. On dit que les moutons dédommagent, parce qu’ils font du bien aux racines, en foulant les terres légères, & qu’ils écartent les vers par leur odeur.

L’engrais du parcage est meilleur que le fumier de mouton : il produit un effet très-sensible pendant deux ans sur la production du froment que l’on recueille dans la première année, & sur celle de l’avoine dans la seconde année. Il rend aussi les prairies sèches d’un bon rapport, en donnant des récoltes abondantes de foin sur des coteaux, où, sans le parcage, il ne viendroit pas assez d’herbe pour être fauchée ; on ne sauroit donc trop parquer les prairies sèches : plus le parc y reste, plus elles produisent. Dans les temps secs, on peut laisser le parc pendant deux ou trois nuits sur le même endroit, tandis que dans les tems humides on est obligé de le changer chaque jour, parce que les excrémens de la veille n’étant pas séchés, ne peuvent que salir les moutons.


CHAPITRE IX.

Du logement, de la litière et du fumier des moutons.


§. I. S’il faut loger les moutons dans des étables fermées : comment doit-on les loger pour les maintenir en bonne santé, & pour avoir de bonnes laines & de bons fumiers ?

Les étables fermées sont le plus mauvais logement que l’on puisse donner aux moutons. La vapeur qui sort de leur corps & du fumier, infecte l’air, & met ces animaux en sueur. Ils s’affoiblissent dans ces étables trop chaudes & mal-saines ; ils y prennent des maladies ; la laine y perd sa force, & souvent le fumier s’y dessèche & s’y brûle. Lorsque les bêtes sortent de l’étable, l’air du dehors les saisit quand il est froid : il arrête subitement leur sueur ; & quelquefois il peut leur donner de grandes maladies. Il faut donc donner beaucoup d’air aux moutons ; ils sont mieux logés dans les étables ouvertes que dans les étables fermées, même sous des appentis ou des han-