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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/145

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obstruée ; 2°. à l’administration des remèdes résolutifs que l’on doit donner intérieurement pour combattre l’obstruction ; 3°. à ce qu’il faut faire à l’atonie de toute la constitution qui a excité l’obstruction.

1°. L’obstruction peut être formée par une fluxion vive qui se fixe sur un organe, ou bien par une congestion lente d’humeurs. Dans le premier cas, la saignée doit être pratiquée. Dans le second, on doit faire usage des topiques résolutifs sans aucun mélange d’astringens ni de toniques, & les combiner avec les émolliens. Sans cette précaution, ils pourroient beaucoup nuire, parce qu’ils procureroient l’évaporation de la partie la plus ténue, & il ne resteroit qu’une matière crasse qui rendroit l’obstruction incurable. Les émolliens les plus appropriés sont les fomentations avec l’eau chaude, les cataplasmes de mie de pain & l’eau de sureau. Il n’est pas de meilleur remède pour résoudre les obstructions, que les frictions douces & sèches ; elles rappellent le mouvement tonique, & peu à peu elles suscitent la vie dans ces parties obstruées. Whytt a guéri par ce moyen des tumeurs enkystées.

2°. On combattra l’obstruction intérieurement, en donnant des remèdes résolutifs, tels que la crème de tartre dans le suc des plantes apéritives ; le sel ammoniac dissous dans l’eau de chaux ; les eaux de balaruc qui guérissent les fièvres intermittentes & les flux excessifs des règles & des hémorroïdes, s’ils sont entretenus par les obstructions des viscères du bas-ventre. Ruffel, dans son Traité de tabe glandulosâ, vante beaucoup l’eau de mer. Whytt a observé que la vertu de cette eau n’étoit due qu’à son effet purgatif, & qu’elle étoit contraire à ceux qui avoient une grande soif, la fièvre, ou une disposition à l’avoir.

On peut employer les acides minéraux comme résolutifs salins, mais ils réussissent moins que les acides végétaux, tels que le vinaigre, le citron, &c. L’utilité des acides minéraux ne dépend point de leur effet direct, qui est de produire la coagulation des humeurs, mais de leur effet indirect, qui est de stimuler, par leur qualité saline, la partie obstruée qui se débarrasse à son tour de la matière obstruant par le ton qu’elle recouvre.

Le sel de tartre est un des plus puissans résolutifs, mais il ne convient pas aux sujets irritables, ni quand il y a acrimonie des humeurs. Il est très-approprié lorsque la bile est sans force & sans activité comme dans les tempéramens pituiteux. Le savon blanc est encore un bon remède. On l’a vu résoudre des tumeurs glanduleuses, donné jusqu’à une once par jour. Il n’a pas l’inconvénient des fondans mercuriels qui font quelquefois dégénérer les obstructions en squirrhe ou en cancer. Les fruits bien mûrs sont de bons fondans par leur qualité savonneuse, pourvu qu’ils ne causent pas de vents, que l’estomac & les intestins ne soient point affaiblis.

3°. Dans les obstructions qui reconnoissent pour cause le trop grand exercice ou excès d’activité, on donnera des tempérans, des adoucissans, des bains. Dans l’engorgement des viscères du bas-ventre avec intempérie chaude, il faut employer des absorbans combinés avec les délayans. Alexandre de Trales a guéri des obstructions causées par chaleur, avec des