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vellera toutes les deux heures pour diminuer l’irritation, & procurer le relâchement des parties voisines qui se trouvent intéressées.

Si malgré tous ces moyens, la douleur & l’inflammation viennent à augmenter, il faut s’attendre à une suppuration ; le malade ne doit rien négliger pour la favoriser. Pour cela on fera recevoir dans sa bouche la vapeur de l’eau chaude, & il tiendra une figue grasse entre la gencive & la peau.

Le mal de dents par fluxion sur les gencives, ne résiste pas long-temps à l’application d’un vésicatoire à la nuque, ou entre les deux épaules ; c’est seulement dans ce cas que l’on doit permettre aux malades de mâcher certaines substances propres à déterminer une excrétion abondante de salive, telles que la racine de pyrètre, de gingembre, de gentiane, la racine du lis d’eau à fleurs jaunes, &c. Quand les douleurs sont très-vives, on est forcé d’avoir recours aux narcotiques pour obtenir quelque soulagement ; on applique avec succès un emplâtre de mastic ou de gomme élemi à la région des tempes. L’emplâtre d’opium a souvent produit de bons effets.

On applique aussi entre la dent qui cause la douleur & la dent voisine, un peu de coton imbibé de laudanum liquide.

Si la dent est creuse, il sera très avantageux de la plomber, afin d’empêcher le contact immédiat de l’air extérieur, ou bien d’en remplir le vide, en y mettant une pilule faite avec parties égales d’opium & de camphre.

Il n’est pas toujours aisé de découvrir la carie d’une dent. Telle dent est soupçonnée d’être cariée, qui ne l’est pas ; il faut donc avant de l’arracher, s’assurer si elle est saine ou gâtée. Il faut frapper sur sa couronne avec un instrument d’acier, ou un stilet ; ce contact a souvent découvert le mal par la douleur qu’il a produite sur une dent saine en apparence. « Quand la carie des dents est apparente, si elle est disposée de façon que l’on puisse plomber la dent avec succès, on peut la conserver par ce moyen ; lorsque cela n’est pas possible, il faut en laisser détruire le nerf par le cautère actuel ; mais hors le cas où le plomb peut conserver la dent, les odontalgiques ne sont que des secours palliatifs dans la carie. Le parti le plus sûr est de faire arracher la dent, pour s’épargner les douleurs cruelles si sujettes à récidive, pour se délivrer de la puanteur de la bouche, & empêcher la communication de la carie à d’autres dents.

Il est bon d’avertir qu’on ne doit jamais se faire arracher une dent dans le fort de la douleur ; il faut attendre que l’inflammation & la tension des parties affectées aient disparu ou beaucoup diminué ; cette opération faite à contre-temps, pourroit produire les plus grands maux, tels que l’abcès des sinus maxillaires, &c. M. AMI.

On ne fait point assez attention qu’à force de frotter ses dents pour les tenir propres, soit avec des opiats dont la base est le corail réduit en poudre, soit avec des espèces de brosses, on use l’émail des dents, & que cet émail est le conservateur de la partie intérieure qui correspond au nerf. La brosse dont on se sert en général, est un morceau de jonc des